Le voeu de servitude

« Il trouve son propre salut en adhérant librement au service que Jésus a choisi par amour : « Voici je viens pour faire ta volonté »

Englouti dans des questions qui le torturent, Jean Jacques Ollier traverse ce qu’il est convenu d’appeler la « Grande Epreuve ». Préoccupé de lui-même, rien ne l’intéresse, hormis lui-même. Fidèle à l’oraison malgré une désolante sécheresse, il chemine dans la foi. Le désert le purifie de sa volonté propre. Il sème dans l’aridité la grâce de la moisson. Il fait confiance et agit sans goût. Il connaît la peur d’être jugé par ses confrères. Seule l’humilité de ne rien pouvoir le sauve. Cahin-caha, il traverse le temps et sort renouvelé d’une sorte d’effondrement intérieur.

Ses certitudes ébranlées l’attachent au seul Seigneur et? même s’il se sait clairement aimé par le Christ, la parole de son supérieur le maintient hors de la dénégation.

Epreuve psychologique ? Epreuve de la foi ? Vraisemblablement les deux en même temps. L’homme de Dieu âgé de 31 ans pénètre dans un monde où la force orgueilleuse ne peut rien, l’ami Condren lui tient la main. Ensemble, ils passent sans se noyer.

C’est ce que je retiens des quelques pages d’un livre de Michel Dupuy aux éditions du Cerf : « Se laisser à l’Esprit » avec, en sous-titre, « Itinéraire spirituel de Jean Jacques Ollier« .

Mais le plus étonnant reste à découvrir. Aidée par une « copine », Marie Rousseau, le cher Monsieur Ollier s’achemine vers le Voeu de Servitude. Dès qu’il se remet de la Grande Epreuve, il choisit de se lier à Dieu, non pas seulement par abandon, parce qu’il ne peut pas faire autrement, mais par désir d’entrer dans le mystère du Christ, serviteur et prêtre.

La servitude ne se confond, ni avec le délabrement de la personnalité, ni avec l’esclavage. Elle est dans le cas présent l’offrande pour que le Christ le fasse participer à sa propre mission du salut des hommes. Il ose se vouer à une communauté d’intention avec le Messie. Il trouve son propre salut en adhérant librement au service que Jésus a choisi par amour : « Voici je viens pour faire ta volonté ».

Est-ce parce qu’il est guéri qu’il prononce ce Voeu de Servitude ou est-ce que c’est le voeu qui le guérit ? Je n’en sais rien !

Par contre, je suis persuadé, parce que je l’ai vu bien des fois, que l’amour porté au Christ guérit les blessures de l’âme et donne une force nouvelle qui s’apparente à la fin d’une convalescence réussie. « 

Va, ta foi t’a guéri !

Les questions s’étouffent dans l’apogée du mystère. Non pas que la foi donne des réponses, mais elle libère et donne l’espace pour un nouveau souffle.