L’homme et la femme doivent se contenter de leur nature humaine et la rendre la plus belle et la plus heureuse possible. Là se trouvent pour eux Sagesse et Bonheur. En utilisant joliment un point Royal, ils tricotent chaque jour (une maille à l’endroit et une maille à l’envers) de l’humain à la lumière d’une transcendance.
Si l’on suit toujours la parabole de la Genèse, Adam et Eve eurent d’abord deux enfants. Le premier – Caïn, dont le nom signifie « forgeron » - était agriculteur. Il retournait la terre, semait, récoltait... Il travaillait dur et ferme. Il semble “rustre”.
Le deuxième paraît plus fragile, plus poète, plus contemplatif ; il était éleveur, gardait les troupeaux et veillait à leur fécondité... Il semble avoir une vie plus douce et gracile que son frère aîné qui s’acharnait à défoncer les terrains pour les emblaver.
Ce qui devait arriver, arriva. Caïn envia son frère, devint jaloux au point de le tuer. Il le supprima car la vie d’Abel le « narguait » au point de le rendre méchant. Par homicide, il le raya radicalement de sa vue. Être son frère lui était devenu insupportable.
La parabole de la Genèse ne raconte pas les origines de l’humanité. Elle met en scène la nature humaine et la décrit dans ses combats intérieurs. Elle élève, d’une part, le fondement orgueilleux de tout humain qui ne supporte plus d’être seulement humain et, d’autre part, l’effervescence envieuse qui détruit la fraternité. Tout cela est encore vrai et c’est sans doute sur ces deux tendances que chacun de nous est bâti. Ce n’est pas une faute originelle et originale. C’est le fond de la nature humaine qui est comme cela si la conscience de chacun et de tous ne la débroussaille pas et se laisse envahir par les ronces épineuses qui poussent et repoussent au point de faire obstacle et de dévorer humilité (humus) et fraternité.
Tout être humain pour être socialement humain doit veiller à ne pas tomber dans la démesure et à gérer avec discernement, liberté et amour, la permanence de ce qu’il est par nature.
Christian Montfalcon, 2013