La conversation       

« Recevoir, c’est accueillir les personnes et leurs pensées, c’est engendrer la relation, c’est veiller à la fécondité »

Les vacances d’été redistribuent l’emploi du temps et me mêlent à des personnes que je ne connais guère. Je rencontre des jeunes et des moins jeunes. Le repas partagé, le café avalé, la conversation tente de prendre son élan. Elle y parvient rarement. Le plus souvent, elle ronronne comme une horloge comtoise et chacun s’assoupit plus ou moins au rythme monotone du tic-tac.

Discussions, affrontement iréniques, échanges courtois de points de vue, n’occupent pas le devant de la scène. Le temps se remplit de lieux communs où s’étouffent les personnalités. La conversation ne joue pas son rôle, la parole ne circule pas, les opinions ne s’échangent pas. On parle de tout et de rien.

Ce phénomène qui ne débute pas en cette fin de siècle, mais dure sans doute depuis que les hommes et les femmes se rassemblent pour parler, peut s’expliquer de différentes manières. Je n’en retiendrai que trois :

Recevoir, c’est accueillir les personnes et leurs pensées, c’est engendrer la relation, c’est veiller à la fécondité. C’est à la fois un travail, une réflexion, un doigté, un art. Une réception se prépare non seulement dans la discrétion de la beauté, mais aussi dans la prière : véritable labour pour les semailles. En plus de tout cela, déjà fort agréable, la rencontre devient parfois une fête, moment privilégié à saveur de Résurrection