Green Peace

« Curieusement, le « Green Peace » ne rame pas sur la Volga ou ne patrouille pas dans l’Adriatique« 

Vraiment, je ne sais pas si le Président de la République sert la liberté en voulant poursuivre jusqu’au mois de mai 1996 les essais atomiques dans les entrailles du Pacifique (le bien nommé!). Les populations s’émeuvent, des gouvernements menacent, des marchands se frottent les mains et organisent le boycott des produits français. Qui a raison ? Qui a tort ? Nul ne le saura jamais car, même si la planète explose, nul ne demeurera pour crier le juste droit.

La « paix verte » me donne une colère bleue. J’admire l’entêtement des marins qui osent affronter la Royale et se laissent traîner jusque dans les soutes. Chapeau bas ! Et pourtant, ils m’énervent parce que, bourrés de bonne conscience, ils instaurent non pas un débat, mais une société manichéenne. La France et ses gouvernements sont réputés mauvais, les écolos de tous les pays subventionnés par les marks ou les dollars s’étiquettent bons. Plus une affaire de sensibilité que de raison.

Pendant ce temps, en Bosnie, les Serbes achèvent ce que la déportation ethnique avait commencé, les Russes massacrent une république de l’ancienne union soviétique, polluent la toundra par un pipeline mal ficelé, laissent dangereusement pourrir leurs centrales atomiques installées au milieu des populations. Curieusement, le « Green Peace » ne rame pas sur la Volga ou ne patrouille pas dans l’Adriatique. Il est vrai que mes exemples sont mal choisis parce que leur solution ne relèvent pas de la volonté d’un seul…

Ces histoires me dépassent. Je ne vois pas comment agir. J’ai un sentiment, je n’ai pas d’analyse objective. Les dossiers classés secrets échappent heureusement à la population ; elle s’y noierait et n’établirait pas une position. Augmenteraient alors confusion et division. Choisissons quelques-uns pour qu’ils travaillent, élucident et décident. Que quelques autres élus les contrôlent et que les peuples dorment en paix. Il est mauvais d’exciter l’ire populaire. Les échafauds se dressent et quand les têtes des rivaux ont roulée dans le panier, l’empereur guerrier arrive. Drôle de Paix qui traîne les armées de Boulogne à Moscou.

Par contre, le « Green Peace » me conduit à réfléchir sur nos « tartufferies »  personnelles. Nous sommes toujours prêts à ôter la paille de l’oeil d’autrui, sans enlever l’énorme poutre qui nous aveugle. Parce que nous isolons notre action sur un point précis, en le sortant de son contexte, nous concluons à notre devoir d’agir et de faire la leçon. Ce qui est proche de l’intégrisme.

Que Jacques Gaillot, après avoir troqué sa mitre contre un chapeau de paille, s’embarque dans cette aventure me stupéfie. Ce n’est pas le tout d’avoir raison sur un point. Il faut agir vrai et durablement dans une société où la vertu est si bien répartie que nul n’en a beaucoup !