Conversion et mission

« L’humanitaire ne devient chrétien que si le missionnaire lui-même entre personnellement dans la démarche évangélique de la conversion, liée à tous les étages de son existence (publique, privée, intime) »

Nous étions l’autre jour à Roanne. Les missionnaires, hommes et femmes originaires du diocèse de Lyon, se réunissaient durant leurs vacances en France, non seulement pour parler entre eux, mais pour dialoguer avec les catholiques missionnaires en terrain roannais. Une journée empreinte de la foi en Christ : le Missionnaire du Père auprès de l’humanité. Ce fut une journée de témoignages, d’écoute et aussi de louange.

Outre une organisation défectueuse pour le débat en assemblée générale qui rendait pesant ce qui ne manquait pourtant pas d’intérêt, une autre lacune m’a chagriné. J’ai cru m’apercevoir qu’un certain nombre d’intervenants, notamment des plus jeunes, n’explicitaient pas leur foi au Christ Jésus. Je ne dis pas qu’ils ne la vivaient pas, mais ils n’en parlaient pas comme d’un moteur pour leur démarche. Par contre, leur générosité, leur désintéressement, leur courage, leur altruisme, un goût profond de la justice sous-tendaient apparemment toute leur mission au loin parmi les délaissés des nations.

Les plus jeunes laïcs, célibataires ou mariés, soulignaient leur appartenance à l’Église catholique, mais comme une solidarité pesante. Ils se reconnaissaient plus proche du message du Galiléen que du Christ Jésus, Ressuscité, Maître de l’Histoire et, dans leur propos, n’évoquaient pas de lien personnel entre la mission et leur conversion personnelle. Il résultait de cette sorte de témoignages une impression généreuse et pénible.

Je ne sais pas comment ont été recrutés ces jeunes hommes et femmes, certainement droits, mais sans doute pas disciples intimes du Christ. Ont-ils été évangélisés ? Ils ne semblent pas entrer dans une démarche d’offrande de leur être au Christ. Ils se prêtent volontiers à une oeuvre de paix et de justice, mais ils ne supplient peut-être pas d’être pardonnés de leurs péchés pour être souples dans la vie du Christ Missionnaire de tous les hommes, de tous les temps, de tous les lieux.

Leurs sentiments propres semblent leur suffire et ils seraient sans doute étonnés, voire choqués, s’ils lisaient ces lignes. Ils ne comprendraient pas que l’humanitaire ne devient chrétien que si le missionnaire lui-même entre personnellement dans la démarche évangélique de la conversion, liée à tous les étages de son existence (publique, privée, intime).

Au-delà du domaine de la mission à l’extérieur, je vois deux applications pratiques dans deux autres secteurs de la vie chrétienne :