Place des quadras dans la société

« Plein de disponibilité pour une nouvelle manière de se situer, s’il évite les regrets du passé, le quadra est porteur d’avenir »

Depuis toujours sans doute, on parle d’une manière ou d’une autre des « quadras ». Ces hommes et ces femmes, débarrassés des études, situés plus ou moins bien, mais situés dans la vie, reconnus pour leurs compétences professionnelles, souvent hors des soucis d’enfants à accompagner à l’école ou à garder le soir, abordent une vie nouvelle.

Ils achèvent une « période » et entrent dans un parcours où ils seront en principe plus à l’aise, plus maîtres de leurs moyens. Ils seront vraiment adultes et leurs paroles feront autorité autour d’eux. Ils ont grandi.

Le verbe latin augeo signifie faire croître. Au supin qui a donné la forme française, il se conjugue auctum. Autorité vient de là. Le ou la quadra fait autorité. C’est-à-dire qu’il est fondateur, instigateur, conseiller, garant. Il peut demander une obéissance car il est « considérable ». Bref, vive les quadras ! C’est une race nouvelle.

Parmi les personnes que je rencontre régulièrement, beaucoup appartiennent à cette catégorie quadras ou jeunes quinquas. Beaucoup sont pleins de moyens, mais je ne sais pas s’ils prennent le temps de se réjouir de leur autorité ou s’ils la grillent en augmentant les activités du passé. Ils n’innovent guère. Ils font mieux ce qu’ils ont toujours fait. Pour eux, il n’y a pas de rupture entre le passé et la richesse des années qui s’ouvrent. Ils avancent sans transition.

Dans l’accompagnement spirituel, nous portons un regard attentif aux « 18-25 », et l’on a raison. Mais l’avenir, aujourd’hui, est aux « quadras ».

Personnellement, je devrais être vigilant et ouvrir un dialogue nouveau avec ceux et celles qui vivent les quinze ans qui suivent leur quarantième anniversaire.

C’est une riche époque pour eux. Époque de risque, époque d’épanouissement. Il y a un tournant merveilleux pour la vie et pour la foi.

D’une certaine manière, qu’importe les quarante premières années ! Le temps d’aujourd’hui commence, même s’il s’inscrit dans la suite d’une histoire. Il a valeur pour lui-même. Il inaugure. Plein de disponibilité pour une nouvelle manière de se situer, s’il évite les regrets du passé, le quadra est porteur d’avenir.

Le piège, ce sont les « parents » âgés qui mobilisent les quadras, les enfants qui confient leur progéniture aux jeunes grands-parents, les coups de cœur pour des amours folles, la vie professionnelle et le vertige caché du pouvoir, la participation à des communautés qui ont vieilli ensemble et ronronnent comme une routine bien calée. 

Les quadras sont des nouveaux pour l’avenir de la cité comme de l’Église.