« Dans notre diocèse, les catholiques sont œcuméniques par raison, les autres chrétiens sont œcuméniques par nécessité »
Vendredi soir, à son tour, l’archevêché de Lyon régalait les six autres responsables des Églises chrétiennes. Soirée fraternelle, sans ordre du jour précis, chacun débordant de gentillesse et de fraternité. Au cours du repas, je me suis efforcé de guider la conversation et de la faire rebondir de sujet en sujet. Quelques minutes passèrent à parler du mariage dans les différents cultes chrétiens à Lyon. Je ne note rien sur l’Église catholique, sauf que Monseigneur Zacharian semblait inquiet des liturgies catholiques qui en prennent à leur aise avec les textes canoniques. Je n’ai pas trop insisté. Tous ont eu le bon goût de passer….
Mais l’intérêt fut grand quand nous avons abordé la question des mariages mixtes. Dans les six Églises « sœurs » à Lyon en 1994, il n’y a eu qu’un seul mariage entre un homme et une femme de religion réformée et encore, ils n’étaient pas du même culte, l’un étant baptiste et l’autre luthérien.
Tous les autres mariages de chacune des Églises se sont célébrés entre un membre orthodoxe ou luthérien ou réformévou arménien ou anglican, d’une part, et un membre catholique, d’autre part. Ce qui revient à dire que chacune des Églises issue d’un schisme est contrainte, bon gré mal gré, à l’œcuménisme.
Progressivement à Lyon, l’Église catholique dévore les membres de ses « sœurs » par le jeu des mariages mixtes. Car les foyers mixtes rallient assez rapidement l’Église majoritaire. La minorité se dégrade progressivement, absorbée par les cathos, par le paganisme ou l’indifférence. La fraternité œcuménique ronge spécialement les communautés issues de la Réforme. Les autres se maintiennent parce que leurs cultes se célèbrent dans une autre langue : l’arménien, le grec ou l’anglais. Ces dernières sont en fait des communautés linguistiques où vont d’ailleurs des catholiques étrangers qui recherchent des liturgies dans leur langue maternelle.
Dans notre diocèse, les catholiques sont œcuméniques par raison, les autres chrétiens sont œcuméniques par nécessité.
Ce n’est pas vrai partout en France ! Mais dans d’autres contrées du monde, l’inverse se produit et les cathos rassemblent une poignée de fidèles. Ils sont tentés par l’intégrisme pour maintenir leur identité.
La foi prend des chemins étonnants. La sociologie des religions ne contredit pas l’œuvre de l’Esprit Saint, mais elle en est certainement le vecteur.
19 juin 1995
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