« On reconnaît les vrais fidèles à ce qu’ils savent discerner le moment propice pour arrêter une expérience communautaire »
Il en est de certaines communautés catholiques paroissiales ou de réseaux comme des ramequins. Dès qu’on les retire du four, ils s’affaissent. Ils étaient gonflés et appétissants. Ils deviennent gringalets et aplatis. Ils ne donnent plus envie de les manger.
D’où vient que certaines communautés, dynamiques naguère, se traînent ? Sans doute parce que leur souffle était artificiel. Elles reposaient plus sur le dynamisme d’une personne que sur la force même de l’Esprit. Le souffle de Dieu s’est essoufflé parce que, justement, ce n’était pas le souffle de Dieu, mais la confiance ou pire la séduction.
On reconnaît les vrais fidèles à ce qu’ils savent discerner le moment propice pour arrêter une expérience communautaire. Ils coupent l’arbre quand il est encore vivant pour que des surgeons jaillissent de la souche.
Quand l’expérience évangélique s’épuise dans les considérations vagues, dans les propos oiseux ; quand la force se perd à faire tourner des embrayages qui n’embrayent plus, alors il faut se taire, casser la machine et, dans la patience des recommencements, réapprendre à parler et à bâtir.
Partir deux par deux pendant qu’il est encore temps avant que l’on ne s’enlise dans le travail, la turpitude ou le faux humanisme. Oui ! En fait, je crois que l’on ne sait pas mourir pour ressusciter. On n’arrête pas certaines expériences car, de fait, la peur de refaire du nouveau nous tenaille.
Avance en eau profonde !
7 juin 1995
Article précédent
Funérailles d’un ami
Article suivant
Les réunions stériles