Peut-on devenir immédiatement militant syndicaliste lorsque l’on est frais émoulu de l’école d’infirmières ?
Lorsque l’on débarque à l’hôpital, peut-on immédiatement être partie prenante d’une section syndicale ?
Faut-il, dès ses premiers pas dans la vie professionnelle, prendre option avant d’avoir regardé de quel côté vient le vent, où il souffle et ce qu’il soulève ?
Je sais bien que, durant les études, les élèves ont déjà commencé à faire un brin d’analyse. Quelques-uns savent très bien de quel côté vont leurs solidarités. Mais il y a un grand ravin entre le temps des études et les premiers mois d’une vie de travailleur hospitalier.
Le franchissement de ce fossé ne va-t-il pas changer le regard et, peut-être, le groupe de solidarités ?
Il ne faudrait pas que, parce que l’on est chrétien, on opte pour un syndicat où la majorité des chrétiens se regroupent.
Il ne faut pas être puriste, et je sais bien que ce ne sont pas seulement les analyses rigoureuses qui poussent à l’engagement syndical ou politique. Le cœur et les pulsions affectives jouent leur rôle et c’est tout à fait normal ! Mais je m’interroge pourtant.
Toutefois, en même temps que je me pose cette question, je reste stupéfait par la lenteur que d’autres ont à se sentir solidaires de l’ensemble des travailleurs, plus préoccupés de meubler leur temps de congés qu’à œuvrer pour une meilleure justice dans le monde.
Il doit y avoir des étapes : la première se ramène, peut-être, à payer sa cotisation, mais il faut déjà avoir choisi le lieu de son combat et, ensuite, oser s’amputer d’un peu d’argent.
12 mai 1978
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