Encore une fois, les événements me poussent à réfléchir sur les horaires que le personnel hospitalier est appelé à faire.
Mais au fond, qui l’appelle à les faire ? Est-ce lui-même qui revendique ou est-ce l’administration aveugle qui les lui impose ?
Je me suis laissé dire, pourtant, que les sages-femmes demandaient à faire 12 heures de suite, la nuit, en salle d’accouchement. Cette revendication est si étrange que le Directeur de l’hôpital leur a fait signer une décharge.
Le travail est pénible et tendant, mais elles le préfèrent car, de cette façon, elles ont plus de vacances groupées. Le premier jour de repos, par contre, elles sont si lasses qu’elles ne font que dormir. Mais cela ne fait rien. Elles peuvent partir quatre jours ! Peu importe les parturientes, elles – les professionnelles – ont des repos groupés. Voilà l’essentiel !
Je me suis également laissé dire que, dans d’autres services, on pouvait prendre son poste à 14h, poursuivre le travail jusqu’à 21h30 puis « faire » une nuit d’astreinte où l’on est souvent debout. On reprend le matin, en service de jour, à partir de 6h30 jusqu’à 14h.
J’étais tout prêt à crier au scandale, à un esclavage ignominieux, pire que celui des Hébreux en Egypte, au temps de Moïse ! Il me semblait voir flamboyer devant moi le buisson et une voix m’appelait à libérer mon peuple. Mais je me suis trompé : mon peuple aime ce genre d’esclavage et d’usure nerveuse car cela lui procure la joie des repos groupés !
Curieuse époque, civilisation nouvelle, où tout se relativise par rapport aux loisirs et aux loisirs teintés de sauve-qui-peut !
13 mai 1978
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