Aujourd’hui, dans un dialogue, j’entends une réponse à une de mes précédentes questions : « La vie affective, pour importante qu’elle soit, est aussi une sorte de mur qui isole car ce que l’on sent dans le cœur est si vif que les mots, pour le dire, manquent. Les gestes, pour l’exprimer, augmentent l’ambiguïté… Que faire ? »
C’est là que j’ai perçu quelque chose d’important que je pourrais ranger sous les trois mots suivants : « Intellectualiser le ressenti ».
En effet, si ce qui vibre en moi-même et qui me motive jusqu’au plus intime de mon être n’est pas ressaisi d’une manière ou d’une autre par mon « je-pensant », je suis embarrassé de cette effervescence qui s’agite en moi. Il ne s’agit pas d’ordonner, de classer, de tailler et encore moins de réprimer ; il s’agit de pouvoir nommer et de communiquer tant avec moi-même qu’avec les autres !
Je me demande si ce manque d’effort pour saisir et comprendre n’ajoute pas à la peur et ne pousse pas régulièrement à la fuite échevelée.
Bien sûr, je ne voudrais pas tomber dans une analyse au microscope ou au pesage au trébuchet de ce qui grouille au fond de mon cœur, mais je voudrais une approche simple et honnête qui apprivoise cette force inconnue en moi qui peut soit me terrasser, soit me faire vivre.
Je sais qu’un effort d’intelligence vis-à-vis de moi-même me libérerait, mais il demandera un effort et il est difficile de le réaliser lorsqu’on est isolé. Le soutien d’un groupe semble, sur ce point, primordial !
14 mai 1978
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