Encore une fois nous parlons SMIC.
Je prétends que le SMIC ne peut être, malheureusement, qu’un salaire d’appoint !
Célibataire, on ne vit pas seul dans un appartement, même modeste, avec le SMIC !
Par contre, on peut arriver à survivre si l’on est au moins deux, vivant ensemble.
Il y aurait, dit-on, sept cent mille smicards en France. Je ne sais comment ils s’organisent, mais je suppose que la majeure partie d’entre eux sont obligés soit de mourir de faim, soit de faire des heures supplémentaires, soit de vivre à plusieurs !
Encore une fois, la question de l’argent est reposée avec acuité.
René Valette, de l’ISSA, expliquait l’autre jour qu’un de ses amis, ouvrier spécialisé chez Renault, gagnait environ 3.500 francs par mois. Sa femme, sténodactylographe à Paris, gagnait 2.500 francs. A eux deux, ils faisaient entrer à leur foyer où vivaient leurs deux enfants la somme de 6.000 francs.
On pense qu’actuellement, dans un appartement modeste, il faut environ 4.500 francs par mois pour vivre à Paris avec deux enfants. C’est donc environ 1.500 francs par mois que ses amis économisent.
Ils ont réparé un bout de ferme léguée par les grands-parents en Haute-Loire et, cette année, pour la première fois, ils sont allés en vacances de neige.
Ce foyer, qui a moins de quarante ans, d’une condition pécuniaire vraiment modeste, accède – d’une certaine manière – sinon à la richesse, au moins à une vie décente.
D’un côté, le smicard ne peut vivre seul. De l’autre côté, un couple d’ouvriers s’en tire à peu près.
Est-ce donc vraiment économiquement impossible de vivre seul, à moins d’être un Nabab ?
Cette question pèse-t-elle sur la hantise du célibat ? Je ne sais !
28 avril 1978
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