Analyse de situation

Les articles de Louis Althusser dans Le Monde

Comment se fait-il qu’un homme aussi intelligent que ce philosophe s’étonne de l’appareil du Parti Communiste et de son fonctionnement ?

Avec Gabriel Matagrin, je pense très fort que le marxisme-léninisme porte, en lui-même, sa propre condamnation et secrète, par nature, la centralisation bureaucratique et l’autoritarisme des dirigeants.

Je ne nie pas une certaine efficacité révolutionnaire à ce genre d’organisation. Je crois même qu’elle est peut-être la seule qui, en face d’un état bien organisé, puisse faire le poids ! Mais, pour être un anti-Etat, faut-il – pour autant – avoir la même organisation que lui ?

Louis Althusser demande l’impossible ! Il souhaite que le PCF ne soit plus le PCF.

Que peut-il donc se passer, en France, pour qu’en quelques semaines bouille une aussi grande lessive et que les linges sèchent sur toutes les lignes des journaux ? Qui va oser repasser tout cela et le ranger dans un placard ? C’est là que l’on va découvrir que les torchons et les serviettes ne vont pas sur la même pile !

Mais est-ce que cela explique tout ? Y-a-t-il d’autres raisons inconnues ? Les partis et les syndicats redoutent-ils d’être contournés par leur droite et par leur gauche et ne cherchent-ils pas un moyen d’éviter à la fois Pinochet et les Brigades Rouges ?

Ce qui m’ennuie, c’est que l’on a peu de lieux pour discuter de tout cela, en vérité.

Depuis l’affaire Lip, j’ai su la coopération dirigeants, ouvriers et responsables patronaux. Tandis qu’à un certain niveau on négociait, la foule criait dans les rues : « Lutte des classes ! » et pourtant, l’un et l’autre étaient nécessaires.

La société vivrait-elle, en son sein, les mêmes contradictions que nous vivons à l’intime de nous-mêmes ?