Fête pour oublier

Hier, mariage d’amis très proches.

C’est une fête, non seulement parce que deux jeunes qui s’aiment se marient, mais aussi parce que Jacques a dominé sa maladie et qu’il peut conduire sa fille à l’autel… au pas de charge !

Tout était donc fait pour que la joie rayonne et que ce jour soit marqué d’un caillou blanc. Mais à la sortie de l’Eucharistie, une tornade exécrable a empêché la nombreuse assistance d’embrasser les mariés et de féliciter les parents !

Après l’église, le Manoir.

Dans les cheminées où l’on pouvait cuire un bœuf, se consumaient des troncs d’arbres… Mais le vent violent rabattait la fumée et l’on avait les yeux qui piquaient, dans les salles !

Tout était bien organisé, plein de gentillesse et d’accueil, mais les impondérables faisaient le pied-de-nez aux invités. Personne n’y pouvait rien. C’était comme çà ! Et tant pis.

Les principaux acteurs masculins étaient en jaquettes, mais, bien sûr, elles étaient louées !

Le lunch se passait dans un magnifique château, mais, bien sûr, il était loué !

Cette bâtisse du XIVème siècle, imposante à l’extérieur par ses tours et ses mâchicoulis, était relativement petite et malaisée à l’intérieur pour un jour de pluie !

Nourriture et boissons étaient à volonté, et la fête se déroulait avec enthousiasme. Les invités, heureux de se retrouver après une longue absence, renouaient des liens distendus par le temps.

C’est extraordinaire, un mariage. Mais, au bout d’un certain temps, on ne sait plus que c’est un mariage. Le caractère spécifique s’évapore.

Dans toute fête, il y a une part de paraître, de déguisement. On fait semblant !

Peut-être que la fête consiste à oublier, un moment, « ce-que-l’on-est » pour goûter une autre manière d’être imaginaire ; on « décolle » et on rêve. Mais? le lendemain matin, dans les salles vides, il n’y a plus que les cadavres de bouteilles, l’odeur du cigare froid et quelques toasts qui ont été écrasés par les danseurs.

Rien n’est plus triste que ces lendemains de fêtes parce que, justement, elle s’est arrêtée !

Sommes-nous condamnés à l’éphémère, à nous engouffrer dans des festivités qui, pour finir, ne sont que de location et, le lendemain matin, elles pendent au clou du fripier comme un habit devenu inutile ? Et, pourtant, danser de joie est indispensable !

Une fête sans fin, est-ce possible ? Si oui, elle doit faire éclater le temps et l’espace de la nature humaine. Il n’y a peut-être que la foi paisible qui ouvre à des matins qui ne déçoivent pas !