La durée

Flaminaire dépose son bilan. Plusieurs centaines d’ouvriers seront au chômage !

La radio et les journaux expliquent que cela vient en grande partie de ce que Flaminaire est un briquet-qui-dure et qu’il faut attendre de le perdre pour en acheter un autre !

Le « durable » devient un handicap sérieux face au « jetable » qui prend le pas sur tout ; c’est une véritable fable !

Si La Fontaine était là, il trousserait en quelques vers la poésie du « durable » et du « jetable » !

Flaminaire est victime de la société !

Que l’on achète une machine à laver, en l’acquérant, on sait sa date de mort ! En achetant des seringues, on sait qu’on les jettera après le premier usage ! En achetant un briquet (5 Francs les deux), on en prend pour trois mois et on verra bien après !

En fait d’allumage, c’est vrai que l’on a fait un progrès sur l’allumette que l’on jetait chaque fois. Mais le progrès est limité car on ne veut pas se lier à la durée ! Si les choses étaient toujours les mêmes, que deviendrait la mode ?

Qu’est-ce que cela veut dire pour nous ?

Une profession. Pourquoi doit-elle durer ?

Un ministère sacerdotal. Pourquoi ne pas être prêtre seulement pour un temps ?

Se marier pour toujours. Quelle folie !

Faire des enfants qui dureront vraisemblablement plus que nous. C’est atroce !

Nous entrons dans le stade de la consommation immédiate et du prêt-à-jeter.

Mais ce n’est pas simplement vrai pour les Bic ou les Kleenex ; c’est vrai aussi pour tout ce qui touche à l’essentiel de notre vie et c’est là qu’un nouveau rendez-vous nous est fixé avec la culture !