Encore une fois, la contraception !
Décidément, ce doit être un sujet important parce que la plupart des gens que je rencontre en parlent soit individuellement, soit en groupe !
Tout se passe comme si l’on était en train de s’apercevoir qu’une contraception, commencée par des jeunes filles vers les seize ans et qui ne s’arrêtera vraisemblablement que trente ou trente cinq ans après, ne peut que perturber, psychologiquement, celles qui, pendant au moins trois décades, vont utiliser pilules ou engins protecteurs à marmot !
Je redoute que ces pratiques fassent grandir à la fois le désir fou d’enfant et la peur effroyable de naissance.
De vivre dans cette frustration permanente et dans ce déchirement habituel, qu’est-ce que cela va engendrer dans l’ensemble de la population ?
Certes, il est indéniable que la « contraception » aidera un certain nombre de gens dans des situations intenables.
Certes, la hantise d’être enceinte tous les mois n’était pas facile à vivre, loin de là. Mais en fait d’angoisse, quelle est la meilleure ?
Tout le monde semble s’accorder pour admettre que la continuité sans faille de la contraception n’est pas sans poser mille questions ! Jusqu’à maintenant, elle était – au moins en France – à ses débuts. Elle n’était pas « installée » !
D’une certaine manière, on l’essayait. Le provisoire pouvait sembler la règle. Mais maintenant !
Je pense aux couples qui veulent un, deux, trois enfants et qui ont trouvé une contraception adaptée. Ils ont, dit-on, une grande peine à se décider pour le deuxième – et surtout pour le troisième – enfant : « Cela marche bien, on va peut-être tout casser. Comment faire ? »
Eh puis ce gosse, le gosse qui va naître, est choisi et « mijoté ». Avec précision, il est programmé. L’ordinateur parental a dit « oui » et il fonctionne parfaitement ; tout est prévu et, au bout de quelques mois, le gosse tombe dans le filet de la planification.
Ses parents l’ont tellement prévu et ils ont tellement élaboré sa fiche perforée que le pauvre gamin subit, dans sa petite enfance – et jusqu’à sa grande adolescence – l’attention régulatrice de ceux qui l’ont engendré. Il s’empêtre dans les rets pédagogiques du désir planificateur qui enfle à mesure que les années s’écoulent !
Il n’y a pas de trou pour sa liberté ! En même temps que l’on a prévu sa conception et sa naissance, on a prévu son éducation. Il ne poussera pas tout seul, il ne prendra pas ses aises. Le petit est programmé. Il va rentrer dans un ensemble comme un if dans les jardins à la française du bon Monsieur Le Nôtre : le gosse est aligné !
Méfions-nous ! Plus on planifie, plus on fait grandir l’angoisse car, dès que les choses ne se passent plus comme prévu, tout le monde est paniqué. Cela n’est vraiment plus ce que l’on attendait, le petit échappe. Il est malade de l’imprévu.
Sous peine que la marmite explose à quatorze ans et qu’incartades et polissonneries ne deviennent insupportables, laissons aux enfants le droit de transgresser et accordons-leur ce privilège dès la conception. Un enfant qui ne dérange pas les plans, est-ce bien « un petit d’homme » ? Amour et liberté qui ne fréquentent pas la transgression ne sont que des mots creux.
1 juin 1978
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