La Régie Renault monte une fonderie en Autriche.
Le gouvernement de ce pays lui a fait savoir, en effet, que si elle n’investissait pas des capitaux dans son territoire, elle fermerait le marché à l’automobile française.
Et Renault a cédé. Il est en train de bâtir une fonderie pour les pièces des voitures qu’il construit en France.
Cela peut sembler banal mais, pendant ce temps, les sous-traitants fondeurs en France devront désembaucher du personnel car, pour certaines entreprises, l’automobile représente 40 % de leur chiffre d’affaires.
Si Renault « fait fondre ailleurs », ce sont elles qui devront désembaucher et, pendant ce temps, avec bon droit, les syndicats rouspètent et des augmentations sont réclamées. Mais est-on bien sûr que les problèmes soient au niveau de telle ou telle entreprise ? Ils se situent, vraisemblablement, dans une conjoncture internationale et l’on ne sait pas si quelqu’un en a pris la décision ou si ça marche comme cela !
Je m’interroge souvent sur la fatalité ; le monde des hommes a ses déterminismes et les volontés de tels ou tels dérapent.
Peut-on parler de responsabilité ou est-ce que la machine est inexorable ? Et à partir de quel seuil l’est-elle devenue ?
Si l’on se met à raisonner ainsi, on devient soit anarchiste désespéré, soit fataliste résigné : petit retraité tranquille, ayant vissé sur la porte de son pavillon de banlieue : « Villa, ça me suffit ! »
5 mai 1978
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