Les charlatans de l’histoire

Un certain Monsieur Roger-Henri Guerrand écrit dans son livre Brève histoire du Service social en France (1896-1976)* la phrase suivante :

« Le travail social, c’est aussi, c’est d’abord, un chapitre de l’aliénation des femmes ; elles ont, de cette manière, contribué – malgré ou à cause de leur admirable dévouement – au renforcement de certaines structures qui ont bloqué le changement dans la société française. »

Autant que j’ai pu m’en rendre compte, Roger-Henri Guerrand écrit un livre d’histoire comme moi j’écris des chroniques, c’est-à-dire avec la même approximation, soulevant les choses, les faisant miroiter, jetant ici ou là deux ou trois idées… Non, Monsieur Guerrand, ce n’est pas sérieux pour un historien, mais c’est très bien pour un chroniqueur !!!

Ne mélangeons pas les genres. Nous ne ferions rien avec grâce !

Que, dans une assemblée, on jette deux ou trois idées farfelues, non pour convaincre mais pour faire réfléchir, bravo ! Mais que l’on veuille – à partir de deux ou trois pistes simples, ou mieux, simplistes – expliquer les cent dernières années de la société française… Oh, Monsieur Guerrand, êtes-vous bien sûr ?

Lorsque vous dénoncez  »le logos des prébendiers du pouvoir en place » ne tombez-vous pas dans le même piège qu’eux ?

Et pourtant, vos pages fourmillent d’idées intéressantes et tant pis si les Directrices d’écoles se voient transformées en Saint-Sébastien dardées de flèches ! Ce n’est pas là mon affaire. Mais, je vous en supplie, n’allez pas faire croire aux travailleurs sociaux qu’en châtrant les mâles, d’une part, et en devenant militants sociaux, d’autre part, ils vont rejoindre l’inspiration de la bonne Demoiselle Derolle ! Il doit y avoir une voie entre ce que vous dîtes et ce qui est présentement !

Ce que vous racontez sent le sophisme et l’on ne sait pas très bien pour qui ou pourquoi, vous plaidez. Si c’est pour la modestie des travailleurs sociaux, pauvres diables dans une mêlée effroyable, alors nous sommes des amis, Monsieur Guerrand !

* Roger-Henri Guerrand ; Marie-Antoinette Rupp, Brève histoire du Service social en France : 1896 – 1976, Toulouse, Privat, 1978, 183 p.