La rue arbitrera

J’ai été stupéfait du discours de quelques « décideurs » de l’économie nationale et, peut-être, internationale.

En effet, pendant trois heures, à quelques-uns, nous avons rencontré ce que l’on appelle « des grands patrons ». Ils ont tenu des propos qui m’ont semblé extraordinaires !

A en croire ce qu’ils disaient, nous étions revenus à la mise en place du libéralisme économique le plus pur et le plus dru que le XIXème Siècle ait pu connaître !

La loi de la jungle s’instaure dans l’économie : que les bons gagnent et que les mauvais crèvent ! Que les puissants s’enrichissent et que les souffreteux disparaissent !

Je n’ai pas, dans leurs discours, entendu de rapprochement entre l’économie et la vie ouvrière. On ne parlait pas « capital » et encore moins « travail ». On envisageait « entreprise », comment gagner le marché…

Bien sûr, ce n’est pas simple ! Face au Japon et à l’Allemagne, il faut trouver un nouveau style ! Le libéralisme forcené est-il la seule réponse ? Je sais qu’un pays comme la France ne peut plus vivre isolé et même l’Europe économique ne peut plus supporter le choc des superpuissants !

Les patrons qui étaient là ne manquaient pas de générosité, ni de courage dans le dialogue avec les syndicats. Ils n’avaient pas de couteau entre les dents mais ce qu’ils disaient ne pouvait qu’entraîner de nouvelles formes politiques et, à long terme vraisemblablement, la transformation des syndicats et leur mutation sous la forme du syndicalisme allemand, intégré au capitalisme et au libéralisme.

Je me suis permis de leur dire qu’en France, étant donnée notre histoire, cela ne serait pas si simple et qu’il fallait redouter qu’à la disparition d’un syndicalisme puissant et « opposé », ce ne soit la rue qui devienne l’arbitre !

Encore une fois, en face des personnes de ce niveau, je me trouve complètement ridicule, comme si j’avais un bâton pour taper sur un énorme char d’assaut.

Ce n’est pas tous les jours que David tue Goliath et, à cette époque, les géants avaient un défaut à la cuirasse. En ont-ils maintenant ?