Dimanche dernier, des « santars » dînent avec moi le soir.
Ils racontent leur arrivée à Lyon et comment ils se sont sentis, non seulement isolés, mais agressés par l’anonymat de la ville.
L’organisation militaire aidant, ils se replient dans leur univers de l’Ecole, au point qu’au bout de deux ans, certains et certaines connaissent uniquement le trajet : Avenue Berthelot – Boulevard Jean XXIII – Grange-Blanche et la rue de la Charité, chemin vers les cinémas.
Les filles sont là, dit-on, pour le prestige de l’armée et l’administration commence à en dissuader le plus grand nombre, si bien que certaines se voient même dispensées de leur contrat.
Pour ce qui est de l’ambiance intérieure, se vérifie le dicton :« Tout ce qui est fermé fermente ». La proximité, peut-être la promiscuité, rendent l’atmosphère lourde. En fait d’échappatoires, le travail et la grosse blague.
Pour les garçons, il y a une nécessité qui semble primordiale : connaître une jeune fille, pour que la vie affective puisse fleurir au milieu du béton.
Je ne sais pourquoi, durant tout le dialogue, j’ai pensé que les élèves de l’Ecole de santé militaire cherchaient, dans l’approche de la vie de couple, à faire éclater le cercle des études rigoureuses, de l’organisation militaire, de l’hôpital et de l’isolement dans la ville.
Pour ces garçons, les filles étaient une brassée de fleurs. Mais est-ce l’amour ? Pour certains, cela peut y conduire, pour d’autres, c’est le « radeau de la méduse ».
10 mai 1978
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