Dépouillement

L’autre jour, un de mes visiteurs m’a raconté une histoire qui m’a semblé extraordinaire : celle d’un industriel richissime, immense propriétaire terrien en Afrique-du-Sud.

Cet Afrikander, se sentant de plus en plus mal à l’aise dans l’ambiance de son pays, a vendu ses propriétés bien en dessous du juste prix à ses « concitoyens » noirs.

A quarante ans, cet homme s’est dépouillé. Bien-sûr, il a gardé de quoi vivre largement – peut-être même très largement ! – et il est venu, avec sa femme, suivre les cours de Sciences-Po à Paris.

Quand il aura fini ses études, il ne repartira pas mais créera un Cabinet d’aide aux pays en voie de développement pour les informer sur les Accords de Lomé et leur en faciliter l’accès et l’application.

Ce couple n’est pas un mythe ; il est tout à fait situé dans le temps et dans l’histoire… Ce sont les meilleurs amis de Régis !

Je suis émerveillé par l’intelligence de l’aumône de ces gens. Lorsqu’ils arrachent de leurs mains la puissance de l’argent, c’est pour en promouvoir d’autres : d’une part, les Noirs d’Afrique-du-Sud et, d’autre part, les pays en voie de développement !

On me dira que, lorsque l’on possède une fortune incalculable, il est facile de se dépouiller en gardant de quoi vivre honnêtement. Je n’en suis pas si sûr. Il faut encore le faire.

Sur ce sujet, différents événements se multiplient. Tandis que les sollicitations pour une vie facile augmentent, la séduction d’un comportement radical apparaît. Mais il me semble que l’on sera très seul pour prendre position ! Je ne crois pas, en effet, qu’il faille attendre que plusieurs se déterminent pour avancer. Le premier fait un pas dans le vide, les autres – en en comprenant le sens – se disent : « Et pourquoi pas nous ! »