17. « Autrement » : maladie et guérison

La malchance ou la fragilité corporelle m’ont traîné quatre fois dans les hôpitaux.

J’ai eu une enfance et une adolescence « souffreteuses », ce qui m’évita le service militaire.

L’attention de mes parents et leur bienveillance ont su me tirer de cette « ambiance » néfaste et m’ont appris à faire pleinement ma vie. Ils veillaient avec intelligence et cœur et j’ai eu la chance de pouvoir mener une existence de plein et magnifique exercice.

Dans le parcours de ma longue vie, quatre fois, j’ai dû être hospitalisé pour de graves maladies dont je me suis ‘tiré’ grâce à l’habileté des « soignants » et au soutien efficace de mes « amis et amies ».

La première fois. A la Croix Rousse, je déjeunais chez Bernard Turpin lorsqu’il était interne des hôpitaux. Je fus pris de souffrances qu’il appela « transfixiantes ». Il me chargea dans sa 2CV et me conduisit directement à son patron, Pierre Paliard, qui voulut m’hospitaliser tout de suite. J’ai voulu rentrer chez moi. « Comme vous voulez, me dit-il, mais vous ne tarderez à revenir ! » Effectivement le lendemain, dans un piteux état, je retournai au pavillon P. Pierre m’hospitalisa au Pavillon R où Madeleine Cocaud était surveillante. Calmé, je m’endormis. Dans la nuit, je me réveillai. Madeleine était là, guettant mes moindres gestes. Le matin, Charles Paliard, prévenu par son frère, vint me voir et me proposa le sacrement que l’on appelait « l’extrême onction ». Je répondis : « On attendra deux ou trois jours, le temps de prévenir des amis pour que l’on fasse une vraie célébration ». Ce fut fait comme je le désirais. Au bout de quinze jours, je sortis de l’hôpital, guéri mais pas frais et pimpant ; mon frère Rémy et ma belle sœur Josée m’accueillirent chez eux.

La deuxième fois. Pierre Paliard qui me ‘suivait’ de près décida de me ‘montrer’ à Christian Partinsky, un grand ‘couteau’ de l’époque. Ce dernier m’accueillit rapidement. Il me mit au courant des graves conséquences d’une opération du pancréas : la mort ou, au mieux, ‘diabétique à vie’. Merci, docteur, « on y va » ! On m’en tira, mais je dus encore passer quelques jours ou semaines à la ‘Maison de Repos la Chaux (Saint-Cyr)’, confiée à la Croix Rouge. J’étais dans un piteux état. J’ai eu beaucoup de peine à m’en remettre. Enfin, je me rétablis et repris mon service de vicaire général coordinateur. J’ai accompli encore deux ans ce ministère auprès d’Albert Decourtray. Il mourut, je fus élu « administrateur diocésain ». La vie a repris un cours normal…

La troisième fois. Ce fut un accident sur l’autoroute en revenant de la chasse. Ma voiture se renversa. Je sortis par la fenêtre. Je dégoulinais de sang. Une voiture de passage s’arrêta. Le conducteur me plia dans une couverture. Pompiers, gendarmes, Samu arrivèrent rapidement ; il fut décidé que je serais conduit aux urgences de Grange Blanche. Les pompiers s’en chargèrent. Puisque je n’avais pas de fracture du crâne, on trouva un chirurgien de garde à Lyon Sud. Il vint de suite, on m’opéra. On ne voit presque plus la cicatrice ! Pourquoi ai-je été si vite soigné ? J’ai su depuis que j’avais encore un statut de VIP, les fiches n’étant pas à jour. Je me suis vite remis et rentrai chez moi, rue Bullukian, après quatre jours à Lyon Sud.

La quatrième fois. J’étais dans un EHPAD, ‘Ma Maison’, rue Gandolière. L’établissement fait partie de la congrégation des Petites Sœurs des Pauvres. J’ai de la chance. Je suis logé dans un studio et suis entouré de bons soins. Mais voilà qu’une nuit, je voulus, à cause des moustiques, fermer ma fenêtre sans éclairer l’électricité. Mal m’en a pris ! Je tombai et me fracturai le bassin. De nouveau, Grange Blanche et ses ‘urgences’. Je suis aidé par des amies qui connaissent tous les secrets des HCL. En quelques heures, on décida de ne pas m’opérer, mais de me mettre en traction. On me plaça deux broches dans le genou droit auquel on accrocha un poids de plus de cinq kilos. Je devais rester comme ça pour une durée de deux mois. C’est long… Au bout de cinq jours à Grange Blanche, je suis allé aux Massues où je connaissais Laure et Valérie, ma nièce pharmacienne. Le désespoir me guettait. Grâce au médecin, au personnel, aux aumôniers et aux nombreuses visites, j’ai réappris d’abord la bonne humeur, puis à être autonome et à marcher avec une « poussette ». Je n’ai plus eu qu’à attendre sous l’œil patient du kiné.

Au bout de cinq mois je revins à Gandolière. J’ai été très bien accueilli. Ce ne sera jamais plus comme avant. Je me suis refait un statut. Je ne courrai plus comme les années précédentes dans le quartier ou chez le libraire. Ma fantaisie en a pris un coup. Heureusement, la disponibilité délicate de nombreux amis m’ont permis de reprendre goût à vivre une certaine et nouvelle plénitude.

La peur de retomber me tenaille ; avec une psychologue, j’en parle et commence à la situer à un juste niveau.

Je peux écrire indéfiniment sur Gandolière où j’habite depuis 7 ans. Stop !

Donner sens autrement

19 juillet 2021