Au 133 de la rue Sully, je me présente à Maurice Duclos, curé de la paroisse Saint Joseph. Il m’accueillit avec une grande bonté et me montra mon vaste bureau et sa grande alcôve qui, les deux portes grandes ouvertes, pouvait me servir de chambre à coucher confortable. Il précisa le ministère qu’il me proposait : confesser huit à dixheures par semaine et me rendre disponible pour les célébrations du dimanche et des jours de Noël, de Pâques, de Pentecôte et de la Toussaint.
Cette proposition me laissait un large temps pour reprendre des études et continuer l’aumônerie de l’hôpital-école des Charmettes.
Ce fut pour moi un régal, aussi bien à la paroisse, à la fac, qu’à l’hôpital.
Le vicariat me rendit très proche de Delorme, Nantas et Grisonnet, des confrères chaleureux, disponibles. Notre amitié fut solide et joyeuse.
Le ministère d’accueil au confessionnal m’ouvrit à un monde nouveau du boulevard des Belges. C’est là que je connus Paul et Françoise qui furent durablement des amis très chers. Ils m’associèrent à leur vie familiale.
La fac de théologie m’ouvrit à des richesses que je ne soupçonnais pas. J’eus des maîtres prestigieux tels Chavasse et Albert Gelin.
L’hôpital-école continua de me faire rencontrer des malades et des soignants. Mesdemoiselles Berlie, Larrivée, Berne et Germain, des responsables tant de l’hôpital que des trois étages, m’introduisirent à la relation Soignants-Soignés. Ce qui devait, pendant près de soixante ans, sous-tendre mes réflexions, les approfondir, les parler, les écrire et entrer dans une philosophie de la relation et de la réciprocité. Ce furent mon axe de vie et ma cohérence intérieure jusqu’à ce jour.
Philippe Frieh, un chirurgien fameux à Lyon, m’honora de sa confiance et de son affection. Sur bien des points, il fut la référence qui donne unité.
Tout allait bien. Je découvrais un monde nouveau pour moi. Je me sentais à l’aise et comblé.
En 1958, le Cardinal Gerlier, mon évêque, me fit appeler et me proposa un ministère partagé entre Paris et Lyon. J’acceptai.
Sans que je m’en doute, commença pour moi une nouvelle vie. Je quittai la paroisse Saint Joseph et fus nommé à la Direction des œuvres, située rue Mulet à Lyon.
Une rue minable, une maison minable, un bureau minable. Heureusement, cela ne dura pas longtemps. Nous devions partir pour le 6 avenue Adolphe Max : un immeuble que l’on grignota progressivement pour être à l’aise et devenir ‘centre diocésain’.
Dans le chapitre suivant, je raconterai ma vie parisienne qui mangea presque tout mon temps.
Ma vie commença à devenir un ‘autrement’ permanent.
3 juillet 2021
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