J’ai rencontré Albert Decourtray lorsqu’il était vicaire général du diocèse de Lille. Ensuite, lorsqu’ il était évêque de Dijon, puis à Lourdes durant les réunions de la Conférence Épiscopale Française. Il se remettait à peine de son cancer du larynx. La parole lui était encore difficile.
Lorsqu’il arriva à Lyon comme archevêque de notre diocèse, je me mis à le vouvoyer comme tous les autres. Pendant un an ou deux, nous nous rencontrâmes quelques fois. Il m’appela vers 1984 à son Conseil. Là, nous commençâmes à mieux nous connaître.
Je fus ensuite son Vicaire général. Je menais les débats du Conseil tous les vendredis, lui le présidait, écoutait et précisait ses propres orientations.
Notre confiance réciproque ne cessa d’augmenter.
En plus des réunions du Conseil, nous parlions en tête à tête tous les mercredis matin.
Rapidement, je pris l’habitude de lui écrire trois ou quatre fois par jour des lettres courtes, de quelques lignes chacune. Chacune lui racontait une rencontre, mon impression, mes suggestions. Le ‘mercredi’, nous reprenions mes courriers, il me donnait son avis, ses orientations.
Pour sauvegarder l’unité du diocèse, il me désigna comme « Vicaire général coordinateur ». J’avais la charge de faire rencontrer les trois Archidiacres et de les faire dialoguer entre eux à partir de leurs réussites, de leurs hésitations, de leurs difficultés. Partir du terrain pastoral (peuple de Dieu) et non des orientations venues d’en haut.
Il créa un « conseil des nominations ». Il m’en confia la présidence. Tous les jeudis soir, ceux et celles qui avaient à gérer des acteurs et actrices de leur « service » respectif prenaient la parole et proposaient les changements ou les appels. Devant tout le conseil du vendredi, je faisais un compte-rendu de nos travaux et de nos propositions. Les membres du Conseil écoutaient, entérinaient ou refusaient en disant le ‘pourquoi’ de leurs désaccords.
C’était passionnant mais harassant.
Un beau jour, Albert Decourtray me dit qu’il souhaitait la convocation d’un « synode diocésain ». On en confia la préparation et la conduite des travaux à Emmanuel Payen. Ce fut une belle réussite. Une centaine de « députés » des archidiaconés et services travaillèrent, firent des propositions. En assemblée générale, elles furent débattues, votées et proposées à l’Archevêque. Ce dernier en fit part à Rome avant de les promulguer. Ce fut décevant. Restait tout de même une écoute du Peuple de Dieu. Je me demande qui se souvient encore de cette démarche et de la plaquette qui fut imprimée. Emmanuel Payen, sans doute, car il mena les travaux avec brio, maîtrise et précision.
Albert Decourtray décida d’inviter le pape Jean Paul II à Lyon. Ce dernier accepta. L’organisation de la visite revint à Pierre Joatton. Il me confia le rôle de coordonner la ‘participation’ des quatre-vingts évêques qui s’étaient inscrits pour participer à l’accueil du Souverain Pontife.
Le Pape bougea beaucoup, les évêques aussi, et moi avec !
Ars, Paray le Monial et Taizé mobilisèrent l’Ain et la Saône-et-Loire.
Je fus évidemment de toutes ces festivités, les grandes et les restreintes. Très intéressant, mais épuisant.
Heureusement, le lendemain du départ du Pape, je suis allé à Curtil-sous-Burnand pour tirer les grives lors de leur passage d’octobre….
9 juillet 2021
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