Le ministère d’aumônier d’hôpital inauguré aux Charmettes en 1953 se prolongea d’une réflexion et de dialogues avec des aumôniers de confessions chrétiennes. En 1980, j’écris : « La rencontre de la personne souffrante qui lutte pour guérir ou ‘bien’ mourir dépasse largement tout ce qu’on peut dire ou raconter. Elle rejoint le tragique de toute expérience vraiment humaine. C’est un cadeau d’avoir pu se trouver à ce carrefour où se croisent chaque jour, souffrance, espoir, offrande, résignation, recherche, consolation, solidarité, compétence, confiance, volonté de guérir. Ici, pitoyable, espérance et grandeur se conjuguent et crient grâce ». « Un autrement » qui n’a pas d’âge !
Nos nouvelles découvertes du « monde de la santé » nous poussèrent à chercher une nouvelle liturgie notamment pour la Semaine Sainte. Ce fut d’abord ‘Valpré’ 1973 et le ‘Point du jour’ 1974. S’amorcèrent dans ces deux temps spirituels des innovations de liturgies simples et contemplatives du mystère de la Résurrection. Veiller « ensemble » pour voir « ensemble » se lever le soleil et reconnaître humblement que le Christ Ressuscité, Lumière nouvelle, chassait les ombres de nos engourdissements et de nos routines, que cette clarté pouvait devenir une nouvelle joie de vivre dans un monde difficile et y rendre présent un souffle missionnaire.
Je vivais à la Direction des œuvres, avenue Adolphe Max, loin du monde de la santé qui se construisait autour de Grange-Blanche, des facs, des écoles d’infirmières, du Centre Léon Bérard, du Vinatier, de Neuro-Cardio. J’ai demandé au Cardinal Renard d’aller habiter ce quartier qui était le lieu de ‘mon’ peuple. Tout d’abord, il m’a refusé : « Un prêtre vit avec d’autres prêtres » me dit-il. Plus tard, il me comprit mieux et, devant mon insistance, il finit par dire : « Allez donc et soyez missionnaire ! ».
Les sœurs de Grignon de Montfort vinrent à Lyon et habitèrent au « Passage des Alouettes » où elles ouvrirent en deux appartements un lieu d’accueil et un lieu de prière. Gertrude Pochat fut la pionnière de cette nouveauté pastorale.
Il me restait à trouver un logement. Marie Thérèse Roussel fut mon recours. Elle comprit parfaitement l’enjeu pastoral et en parla à Cécile Meaudre et à Suzanne Maritoux qui trouvèrent les fonds pour acheter un appartement neuf de la rue Laënnec, devenue depuis promenade Bullukian.
Suzanne resta propriétaire et me prêta l’appartement sous la clause de « locataire sans titre ».
Pendant plus de trente ans, je demeurerai dans le même appartement bien qu’il changeât par la suite deux fois de propriétaire. Ces deux autres personnes me firent des ‘conditions’ analogues. Miracle de la générosité !
Il est temps que je souligne ma collaboration avec l’abbé Jean Mouton qui devint un ami très cher. Il était aumônier de Léon Bérard. Il devint curé des la paroisse Saint Maurice, mais c’est une autre histoire. Il habitait rue du Docteur Victor Despeignes un vaste appartement qui fut acheté et légué au diocèse de Lyon à condition qu’il demeure le logement de l’aumônier du centre anti cancéreux. Ce ne fut pas toujours respecté !!!
Pendant toutes ces années lyonnaises, le secrétariat des évêques de la Région devint plus important. Je fus davantage associé à leurs travaux. On me proposa d’être membre de la commission épiscopale de l’enseignement public et universitaire, présidée par l’évêque Jean Balland.
Ma santé chancela. Je fus bien soigné par le Professeur Pierre Paliard, frère de Charles. Il me resta une fragilité du pancréas que le professeur Christian Partinski opéra en 1992.
Ce temps de répit fut le temps de ma collaboration heureuse avec Albert Decourtray.
8 juillet 2021
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