10. Court le temps, « Autrement » s’approfondit

Au cours d’une matinée, le Cardinal Gerlier meurt. Jean Villot me cherche. Il me trouve en train d’animer une réunion. Il me demande de rejoindre immédiatement l’Archevêché. Je saute dans ma voiture. Vingt minutes après, je suis à Fourvière. Jean Villot m’installe dans le fauteuil placé devant le bureau de feu le Cardinal et me dit : « Vous ne sortez pas de là et veillez à ce que personne ne touche à quoi que ce soit ». J’ai obéi. Il m’a fait apporter un plateau pour le déjeuner. Il me délivra le soir. Je n’ai jamais su ce que redoutait le coadjuteur, mais je fus honoré de sa confiance.

Deux ans après Jean Villot, nommé cardinal, partit définitivement pour Rome.

Alexandre Renard lui succède.

Je suis choisi pour être secrétaire des évêques de la vaste région apostolique : dix-huit évêques tant résidents qu’auxiliaires se réunissent régulièrement, parlent de ce qui les préoccupe et esquissent une synodalité. En principe, j’assiste à toutes leurs rencontres et vais avec eux à Lourdes et à Rome pour les visites ad limina. J’établis un compte-rendu.

On me conseilla de travailler étroitement avec Eugène Lecrosnier, Michel Mondésert et Didier Léon Marchand.

Le Cardinal Renard, en accord avec le nonce, lança l’idée de créer de petits diocèses autour de la métropole Lyonnaise. Son projet fut bien accueilli, avant d’échouer lamentablement.

Avec Michel Mondésert, je fus désigné pour aller à Bruxelles regarder comment les évêques belges étaient parvenus à une partition cohérente.

A Lyon, Alexandre Renard me demanda de donner du souffle à la pastorale familiale.

La « loi Neuwirth », l’encyclique « Humanae Vitae », nous poussaient à réfléchir. Nous cherchions à démêler dans nos consciences le vrai du faux afin d’établir un jugement moral difficile et juste.

Des noms ont surgi : Philippe Hallonet, Emma Gounot, le recteur Chevalier, Jacques Lacroix, Albert Desserprit, François Rollin, Marie Albert Bellet, Jean Revillard et tant d’autres.

Nous mettons en place des « lieux » pour la réflexion, l’accueil, l’écoute, la discussion, voire l’enseignement.

A la Catho de Lyon : l’Institut des Sciences de la Famille, à Saint Priest : le Centre d’Accueil « Vie et Famille ».

Les uns et les autres avions bien conscience qu’en ce domaine de la procréation se profilait une question importante pour la société, la famille, les personnes, hommes et femmes. D’une certaine manière, liberté et fécondité parentales entraient en dialogue. Le débat était dans la rue.

Dans un autre domaine, ce fut aussi la réflexion autour du Sida et la création d’Hestia. Robert Doldourian raccrochera Hestia à l’ORSAC

Tout cela me conduit à penser qu’à cette époque qui n’est pas si lointaine, réflexion et création d’institutions souples et sans doute éphémères s’articulaient. Quarante ans après, les « choses » deviendront sans doute beaucoup plus compliquées.