« L’Église, quoique engluée dans le péché, sauve de l’enfermement la cité entière »
Le bréviaire nous plonge, ces jours-ci, dans le livre de Josué. Nous avons relu au cinquième et au sixième chapitres la conquête de Jéricho. Tout le monde connaît cette histoire merveilleuse. Mais, si l’on porte attention, on découvre des phrases lourdes de sens.
« Jéricho était fermée et enfermée ; nul ne sortait et nul n’entrait ». Le Seigneur livre Jéricho pour la sortir de son repliement sur elle-même. Elle ne voulait pas s’ouvrir au peuple du Seigneur. Alors l’armée se met en procession avec l’Arche, les prêtres et les sept cors de bélier.
« On marchait et on sonnait du cor ». Avec patience l’avant-garde et l’arrière-garde tournaient en rond autour de l’enfermement. Tous silencieux, ils tournèrent six jours. Le septième jour, ils tournent sept fois comme pour en rajouter et ils se mirent à crier et ce fut la délivrance. Les murailles s’effondrèrent. Tous les habitants de Jéricho périrent par l’épée sauf la « prostituée » qui naguère avait accueilli les envoyés du Peuple de Dieu et les avait renseignés. Elle fut sauvée, elle et tous ceux qui habitaient sa maison.
A l’intérieur de l’enfermement, il y avait une cellule accueillante malgré le péché. Curieuse, cette histoire.
Origène, un Père de l’Église vaillant et aventureux, déploie beaucoup d’énergie pour que les chrétiens des premiers siècles lisent l’Ancien Testament à la lueur du Nouveau. Il ne regardera pas de trop près les rapprochements qu’il tente, mais il se dépense pour que l’Écriture soit aimée et il y réussit.
Origène donc fit une homélie sur Josué et il commente le passage qui raconte l’histoire de Rahab, la prostituée de Jéricho. Il n’hésite pas à lui comparer l’Église du Christ et il écrit :
« Que le Seigneur la sauve (Rahab), elle seule qui accueillit les éclaireurs, c’est-à-dire qui reçut ses Apôtres et les installa dans le haut de la maison… Cessons de rappeler ses anciennes fautes et de lui tenir toujours rigueur. Elle a été courtisane autrefois. Maintenant elle a été unie au Christ comme une vierge chaste à son époux »…
L’Église, quoique engluée dans le péché, sauve de l’enfermement la cité entière.
Vraiment, Origène n’avait peur de rien. Beaucoup de monde devait se presser pour écouter ses homélies….
Dans le fond? c’est bien vrai ! Le Christ libère de la prostitution. Il nous délivre de nos excès et leur donne une portée de sainteté.
16 juin 1995
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