Ch. 21 – Armand Fallières et Aristide Briand

En 1910, le président de la République, Armand Fallières, qui n’avait pas inventé la poudre, veut faire une gracieuseté au président du Conseil (en outre, ministre de l’Intérieur), Aristide Briand. Les deux hommes se supportaient, mais manquaient entre eux d’aménité.

Dans l’auto qui les conduit tous deux sur le terrain, Fallières fait part à Briand de son inquiétude : il a oublié son permis de chasse ! « Qui oserait vous le demander ? », dit Briand pour le rassurer. Fallières est un craintif. Briand est un rusé ; il décide de jouer un tour au Président.

Avant l’ouverture de la battue, Briand s’approche du Garde Général et, prenant un ton patenôtre, lui murmure : « En tant que Ministre de l’Intérieur, je tiens à ce ce que tout se fasse dans les règles. Veuillez donc vérifier auprès de tous les invités qu’ils ont bien sur eux leur permis de chasse ! »

Ainsi fut fait. Pendant quelques minutes, Briand put rire au spectacle du président Fallières rougissant et roulant des yeux effarés à l’idée d’être pris en situation irrégulière. Lorsque le garde général s’approcha du Président, Briand intervint et signifia au garde : « Cela va de soi que l’on ne contrôle pas le Président de la République ». Ouf !

Heureuse époque où les dissentiments politiques se contentaient du ton badin. Il est vrai qu’en ce temps, la chasse apaisait les passions guerrières des grands de ce monde. Monsieur Chirac aurait du réfléchir à cela avant de supprimer les chasses présidentielles.

De la chasse

20 décembre 2004