Luc 2, 7

La nudité

Quand Jésus vint au monde, « tout nu », comme tous les enfants des hommes, Marie prit soin de lui et l’emmaillota selon les coutumes de cette époque. Ce petit bébé n’a vécu que parce que sa mère, son père et, peut-être, quelques personnes qui étaient à l’entour, s’occupèrent de lui. Un nouveau-né a besoin d’être protégé et nourri. Sans doute, sourires et affection ajoutent beaucoup au strict nécessaire indispensable.

Les vagissements appellent normalement tendresse, caresses, délicatesse et soins de la part des ‘grands’. Un bébé tout nu, livré à sa seule nudité, sans personne pour l’entourer et bien le « planter » dans la communauté humaine, succombe. L’abandon le tue.

Un poupon ne peut pas encore poser un acte de confiance, mais, par la loi naturelle et par la société, il est «confié » à sa famille et à quelques uns pour survivre et devenir adulte.

La nudité, la vulnérabilité, réclament la confiance.

À toutes les étapes de la vie, quelque chose d’analogue se produit.

L’écolier fait confiance au « maître qui institue ». Il ne sait pas. Il apprend pour ne plus être marginalisé par l’ignorance. Il est nu en connaissance. Il a besoin d’être emmailloté d’éléments du savoir de son époque.

Le bambin est éduqué. Il devient social. Tout seul, il est dépourvu. Il se fie à ses éducateurs pour vivre en confiance parmi d’autres et ne pas être terrassé par l’isolement, autre sorte de nudité. 

L’adulte dit sa confiance par la nudité, aussi bien pour aimer que pour guérir.

Le vieillard, parce que ses forces sont amoindries, a besoin d’égards et d’aides. À cause de sa sénilité, il fait confiance pour achever dignement sa vie : « il se laisse faire », il vit à ‘découvert’.

À Bethléem, à Nazareth, à Capharnaüm, à Jéricho, à Béthanie, à Jérusalem, sur les routes, avec les bien portants comme avec les malades… Jésus est la Parole dévoilée qui dévoile la promesse, la parole révélée qui révèle l’Alliance, la Parole qui exprime ou met à nu la Bonté de Dieu pour l’humanité.

Après la flagellation, Pilate montra Jésus maltraité à la foule et il dit à tous : « Voici l’homme ». Couronné d’épines, vêtu d’une guenille écarlate, Jésus symbolisait la royauté de l’humain au naturel, c’est-à-dire nu, sujet à la blessure et capable d’amour…

Pas de père tout puissant qui arrange les choses, pas de légions d’anges qui combattent pour libérer le prisonnier. Rien. La nudité de l’abandon.

Pour qu’il puisse aller jusqu’au lieu du supplice, un requis qui passait par là est contraint de l’aider. Une sorte de nudité affective dans le malheur.

Sur la croix, comme tous les crucifiés de ce temps, Jésus est exposé nu. Les soldats se partagent ses habits. La foule se gausse.

Les femmes et quelques amis enveloppent Jésus d’un linceul, mais quand le Christ ressuscite, il laisse au tombeau son vêtement de mort. Tous les humains avec lui se lèvent et se dressent dévoilés, nus en quelque sorte.