Luc 2, 7

Maillot et mangeoire

Chacun sait que Luc écrivit sa version de l’Évangile quatre ou cinq décennies après la mort de Jésus et le témoignage des apôtres qui vécurent avec le « Messie », l’accompagnèrent, profitèrent directement de sa Parole et crurent à sa Résurrection.

Les termes que l’évangéliste a choisis pour « raconter » la naissance et l’enfance de celui qu’il accueille comme le Christ sont des mots choisis dans la foi. Ils expriment dans la culture de l’époque une vérité permanente qui fait vivre avec plénitude.

L’auteur du 3ème Évangile parle donc de « Marie, l’épouse de Joseph » qui « emmaillote » Jésus. Elle prit soin de son fils à la manière des femmes de ce temps-là. Elle l’enveloppa pour le préserver du froid… Qu’il vive et devienne grand !

Marie nous apprend à « prendre soin de Jésus », non pas par des gestes de jeune accouchée pleine de tendresse pour son bébé, mais par notre comportement d’adulte confessant que le Christ est ressuscité et qu’il vit mystérieusement au cœur de l’histoire.

Jésus passe ses premiers moments d’être humain dans une mangeoire. Luc n’a pas à sa disposition les registres de police de Bethléem pour l’affirmer. Mais pour lui et pour nous, dans la foi, il est « bon » que Jésus se trouve dans une mangeoire, lui qui durant toute notre vie de croyant sera notre nourriture.

Nous avons la Vie du Verbe, Action et Parole, parce que nous le mangeons et qu’à la manière des aliments, il nous fortifie et permet d’honorer, d’une part, la vie éternelle qui fait battre « le cœur » et, d’autre part, l’offrande du monde qui a d’autant plus de prix que nous la joignons à la sienne.

Dès la naissance de Jésus, Luc, qui croit à la Résurrection, oriente son propre texte. Au douzième chapitre, il écrira de l’institution eucharistique : « Jésus prit du pain et, après avoir rendu grâce, il le rompit et leur donna en disant : ceci est mon corps donné pour vous, faites ceci en mémoire de moi  ! » (Luc 22, 19).

Allons à la mangeoire ! Là se célèbre dans la pauvreté le grand festin des grandeurs de l’humanité.