Le petit grandit
Jésus se fortifie, grandit. Il est sage. L’enfance se passe bien. Grâce à Dieu, tout est normal.
Là se trouve l’extraordinaire. Jésus ne se promène pas avec une auréole, il agit, il passe son temps avec les autres gamins de Nazareth. Il ne vient à l’idée d’aucun des voisins que le Messie joue avec les enfants du village. Tout est normal. Rien à signaler. D’ailleurs Saint Luc ne signale rien. On ne sait même pas si Joseph et Marie vénèrent le petit. Il ne semble pas. Ils l’emmènent en pèlerinage parce qu’à douze ans, au seuil de l’adolescence, c’est normal pour un fils d’accompagner les parents au Temple de Jérusalem.
Jésus n’est pas affranchi des contraintes de son état « d’ado ». L’Incarnation n’est pas un vain mot. Pas de tricherie, pas de merveilleux, pas d’étrangeté ! On ne sait rien, sans doute parce qu’il n’y a rien de particulier à savoir.
La vie cachée, simple, de plein vent, sans privilège, enfouie, culturellement normale, sans exagération, sans signe distinctif ou ostentatoire, est un des aspects de la vie de foi pour un disciple du Christ.
À première vue, le secret d’un baptisé ne se perçoit pas. À la longue, mais pas forcément, le ‘chrétien confessant’ suscite parfois une question par sa bonté, sa douceur, sa pauvreté. Ce n’est pas parce qu’il crie à tous les échos sa foi ou se barde de signes de sa religion qu’on l’interroge, mais parce qu’il a une tendance à être totalement humain et heureux de l’être. Il ne gémit pas, il ne passe pas au feu rouge, il est un bon citoyen, comme il est un « bon tout ». La mort, la maladie, le découragement, la faiblesse, le travail, la réussite, la joie, le bonheur, la concorde, la vie fraternelle, croisent les fils de sa vie. Il vit les aléas de chacun. Il aime la culture ambiante, s’en sert, y contribue, la développe.
Si on le questionne, il explique volontiers le pourquoi de son comportement. Avec ses propres mots, il fait comprendre le pourquoi de sa démarche et du secret d’amour qui l’anime. Il explique à ses « proches » qu’une fois sa porte fermée, il prie et qu’il partage sa foi avec des personnes, hommes et femmes, qui ne sont pas forcément ses amis ou ses intimes, mais des frères ou des sœurs avec lesquels il est en communion. Comme lui, ce sont des imparfaits, mais il les aime. Leur différence l’interroge et l’appelle à la conversion. Il « diffuse » la joie d’être humain et la rapporte au Seigneur.
Longtemps, Jésus a vécu à Nazareth : bébé, enfant, adolescent, jeune, adulte. Tous « ignoraient ». Tous s’étonneront lorsqu’il prendra la parole en public.
22 décembre 2004
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