Luc 1, 53

Miséricorde

Depuis longtemps et presque tous les jours, comme beaucoup d’autres, je lis, je récite, je chante le Magnificat. Aujourd’hui, il me semble qu’à travers le cinquante troisième verset du premier chapitre de Luc, Marie a repris dans son action de grâce personnelle le chant d’Anne qui, dans la joie de procréer selon Dieu, « épanchait son âme devant Yahvé » (1 Sam 2, 1-10). La Vierge, bouleversée par l’Annonce de l’Ange, proclame la Miséricorde du Seigneur. Luc souligne plus particulièrement la prévenance de Dieu pour tous les hommes, les riches et les pauvres.

« Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides ».

Les « affamés », les pauvres, ceux qui mettent leur espoir dans l’abondance du cœur de Dieu, reçoivent une mesure comble pour apaiser leur immense appétit de tendresse. Ils ne restent pas enchaînés au manque. Le désir jaillit de leur privation. Au fond d’eux-mêmes, coule une Source qui dépasse leur Espérance.

Les « riches » repartent les mains vides. Dieu les a pris en pitié. Il les a guéris de l’orgueil. Il leur a arraché le pouvoir. Il les convertit en les détachant des hochets de la gloriole humaine. Il les libère de leurs chaînes.

Les uns sont comblés, les autres sont dépouillés, mais les uns et les autres n’arrivent au plein et au vide que par la gracieuse Miséricorde du Père qui accomplit des merveilles.

En tous les cas, nul ne gravit le sommet de la Transfiguration, sans avoir été guéri de la pauvreté ou de la richesse.