Luc 1, 49

Le Puissant fit pour moi des merveilles 

J’entends et je retiens l’exclamation d’humilité de Marie. Comblée et honorée, elle se reconnaît pauvre et rapporte à Dieu la fécondité qui l’inonde.

L’enfant est tout à fait charnel, tout entier pétri de fragilité et de force, de mort et de vie. Le sang de Marie irrigue la vie qui prend corps en elle. Par elle, le don de Dieu s’incarne. La puissance de Dieu n’enlève rien à l’humanité. Elle l’accomplit, l’achève, lui donne un caractère sans pareil.

Tout homme et toute femme sont « capacité ». Leur liberté les dispose à accueillir les dons qu’ils sont eux-mêmes et qu’ils font fructifier pour tous. La « merveille-merveilleuse », c’est l’être humain qui expose et livre son propre trésor pour enrichir le bien commun.

Nul baptisé ne peut dire, sans se renier : « Je n’appartiens qu’à moi ». Un chrétien, par l’obligation qu’il se donne à lui-même, ouvre à tous l’accès aux « richesses » dont il est le seul gérant. Il peut tout retenir pour lui seul, mais alors sa fermeture le sclérose. En privant l’humanité de ce que lui seul peut lui apporter, chacun s’enferme, s’amenuise, se dessèche : il ne prend pas sa taille, il est mort-né.

Marie porte Jésus, mais l’enfant n’appartient pas seulement au couple, à lui-même, à son village et à sa contrée. Il naît pour « tout le monde ».

Chacun des chrétiens est appelé à vivre le mystère de Noël. Notre richesse culturelle, notre patrimoine spirituel, notre équation personnelle, ne se déploient qu’en venant au monde et qu’en devenant une participation minime mais réelle à l’Histoire en marche.

Notre mise à disposition s’incarne parmi ceux que nous avons choisis de fréquenter ; nul n’a le droit de  nous confisquer, mais nous pouvons librement choisir de nous donner.

Par amour, le baptisé, comme Jésus, est un bien commun. Mais c’est lui qui se livre.