Pour un chrétien, son baptême est la première des merveilles
Marie, enceinte de Jésus, prie tout haut devant sa cousine Élisabeth qui vient de la féliciter d’avoir cru à la Parole qui l’a rendue Mère du Christ.
Marie rend grâce du don qu’elle a reçu. À partir des grands priants de l’Ancien Testament, elle personnalise à sa manière l’humble entrée dans la bénédiction de Dieu. Elle se situe dans la lignée des pauvres de Yahweh qui sont comblés de l’incommensurable bonté de Dieu.
Elle ne mérite rien, elle reçoit tout de l’Esprit de Dieu qui la prend sous son ombre et lui donne une fécondité marquée par le temps, mais débordant le temps. Elle offre son corps précaire et laisse grandir en elle l’Éternité.
Mystère sublime de l’Incarnation.
Je crois que les baptisés ont par leur foi une similitude avec Marie.
Comme elle, hommes ou femmes, ils portent en eux le souffle de Dieu de la fécondité pour un peuple.
Foi et baptême les situent dans la « tension sereine et somptueuse » de la relation Temps et Éternité.
Foi et baptême sont dans un même jaillissement la source intarissable pour les chrétiens…
Pour un chrétien,
Sa première grandeur et la pérennité de son bonheur de ‘croyant’ trouvent leur source dans son baptême et sa foi. Son titre, sa fonction, son dévouement, ses hautes capacités (qu’elles soient laïques ou pastorales) ne situent un baptisé confessant que pour un temps plus ou moins long. Son baptême, sa foi, greffe vivante au Corps du Christ Ressuscité, le situent pour toujours dans une originalité bienheureuse qu’il lui faudra pauvrement assumer.
Baptisé confessant,
il devra toujours chercher sa place au sein du peuple de Dieu.
Il sera, grâce à sa double filiation humaine et divine, toujours dérouté et en recherche.
Il lui faudra toujours « inventer » sa manière de servir « pauvrement » jusqu’à la dernière heure de sa vie. L’adoration l’enracinera et le déracinera sans cesse.
S’il ne sait plus « qui il est » parce qu’il a perdu sa fonction, précise, utile et reconnue, alors qu’il jubile ! Car, par la bonté de Dieu, il est appelé à renoncer au passé pour trouver une nouvelle manière de servir qu’il ne connaît pas et que personne ne lui tracera. Le Seigneur lui fait confiance pour défricher une terre ‘vierge’, ouvrir de nouvelles voies ou semer des grains encore inéprouvés de communion.
D’une certaine manière, il est ramené à l’essentiel. On pourrait dire qu’il est « condamné » au baptême et à la joie suprême d’être original, libre et vrai.
En méditant une fois encore le « Cantique » de Marie, il m’a semblé entendre de sa part un appel à la pauvreté, celle qui est engendrée par le baptême et l’attachement au Ressuscité qui convoque toujours à la source qui jaillit en nous, non pas uniquement pour notre usage, mais pour la fécondité de l’humanité.
15 août 2010
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