Réjouis-toi comblée de grâce
Le message chrétien inspire cette salutation. Loin de la banalité, elle exprime le don de Dieu actif au cœur de l’humanité. Cette annonce inaugure le Nouveau Testament ; elle précède le mystère de l’Incarnation. Clef d’avenir, elle ouvre sur Jésus-Christ.
Même si les termes de l’ange prononcés à ce moment-là empruntent à la culture juive et grecque, ils prennent une portée inusitée. D’emblée, ils orientent le futur.
En effet, face aux mystères de Dieu et dans les relations entre l’homme et son Seigneur, la foi permet seule de se situer. Ici, Marie est appelée à reconnaître qu’elle est choyée de Dieu, mise à part, et que son élection témoigne de la prédilection de Dieu à son endroit.
Pourquoi elle ? La pauvrette !
Cette jeune femme, semblable à tant d’autres, est élue et, de prime abord, le Seigneur lui demande de reconnaître qu’elle est aimée (chérie) et que sa simplicité même appelle l’extraordinaire prévenance de Dieu. Marie n’avait jamais sans doute pensé que sa vie plaisait à Dieu de cette façon. Elle n’avait pas inventorié les indices de la tendresse de Dieu qui l’habitait. Elle n’avait jamais pris le temps de reconnaître cette proximité tonique de Yahvé. D’ailleurs, comment l’aurait-elle découvert puisque personne ne le lui avait dit !
En ce domaine, la parole d’autrui, du messager, est capitale : elle ouvre à l’acquiescement, elle autorise la joie à cause du mystère qui constitue l’existence. Avant d’accepter l’immense dessein d’amour qui bouleverserait la création, le temps et le monde et bien sûr l’humanité, la Vierge Marie a dû reconnaître qu’elle était spécialement aimée de Dieu et que ce n’était pas pour rire. Quelle humilité pour admettre le privilège et quelle paix pour ne pas s’angoisser ! Le service rapproché du Seigneur présuppose l’acceptation du don charismatique de Dieu.
L’Évangile de l’Annonciation nous parle aujourd’hui. Tant que nous n’avons pas bondi de joie et de terreur à la découverte de l’affection que Dieu nous témoigne personnellement, pouvons-nous prendre service dans son peuple ?
1 janvier 1985
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