Luc 6, 20-26

12 septembre 2012

On est dans la plaine, au ras du sol.  Beaucoup de monde. Jésus regarde les « apôtres » qu’il vient de choisir là-haut sur la montagne. Il leur fixe le programme pour le plein monde. Soyez des « pauvres », soyez des « affamés » de justice, soyez les descendants des « prophètes » ! Tant pis pour les larmes et le mépris ! Soyez fidèles !

11 septembre 2013

Les baptisés, Corps du Christ, sont aujourd’hui amoureux et solidaires de l’humanité. Ils ont les « pieds sur terre » et en même temps ils sont suffisamment en distance pour ne pas être dévorés, absorbés, digérés  par les caprices et les modes des mondanités. Pour vraiment aimer leurs proches dont ils sont solidaires, ils sont des veilleurs avisés et bienveillants de leur temps. Mais, avec le Ressuscité, ils sont des offrants qui se tiennent à la fois ici et au-delà. En différence et en décalage, ils ne se laissent pas bernés par les louanges et les honneurs que le monde leur prodigue pour les annexer.

10 septembre 2014

Mon trésor n’est pas une accumulation de richesses mais d’abord le Don de Dieu qui ne pèse rien, malgré sa forte densité. Il est si profond au cœur et au corps des humains qu’il est inattaquable par les mites ou la rouille. Mon trésor n’est pas à moi. Même s’il est en moi et que ma liberté et mon action ont contribué à le recevoir de Dieu qui l’offre gratuitement en Jésus-Christ. Etrange présent qui augmente, plus on le partage ! Dommage que des voleurs veuillent le prendre de force ! J’aurais eu tellement de joie à le donner. Je n’ai peut-être pas su leur offrir.

9 septembre 2015

La consolation n’est pas dans la surabondance des biens matériels qui risque d’éteindre toute faim spirituelle. La consolation pour un humain se trouve dans la dynamique d’une recherche constante. Elle est un appétit qui tire en avant du côté du sublime. Les gavés et les repus sont souvent des satisfaits proches du sommeil qui ressemble tant à l’immobilité du cadavre. Le désir de consolation est une joie intérieure, une sorte d’appel, qui se situe juste à la limite de la pauvreté qui n’est pas indigence malheureuse, mais appétit jamais totalement assouvi.

7 septembre 2016

Trouver sa consolation dans la richesse et ses caprices revient à devenir soi-même son propre consolateur. C’est refuser qu’un autre s’approche de nous par amour et nous extirpe de notre solitude. La richesse n’est que le prolongement illusoire de soi-même. On s’enferme en soi, au lieu d’accueillir l’autre qui offre ce qui manque au désolé isolé : la réciprocité et la relation. Un homme plein de soi-même est un bien petit et bien triste paquet. La richesse absolue enferme absolument. L’autre qui n’est pas un livre de compte ouvre la porte au mystère qui échappe à la maîtrise et à l’infini découverte. « Heureux, vous les pauvres », vous avez besoin d’autrui pour vivre.

13 septembre 2017

Jésus s’adresse à ceux et celles qui le suivent. Il les regarde, il lève les yeux vers eux. On pourrait presque dire qu’il les contemple et il leur déclare qu’ils sont bienheureux parce qu’ils ont un « cœur de pauvre » et qu’ils sont donc « affamés » de justice et de paix. Ils ne sont pas du nombre des « repus ». Jésus dit à tous ceux et celles qui sont là, autour de lui, qu’ils auront sans cesse à s’ajuster et à combattre. Ils seront étonnants et dérangeants. On ira même jusqu’à se moquer d’eux et les exclure du cercle des fréquentables. Mais il ne faut pas qu’ils s’en étonnent, car ils sont de la race des prophètes qui ouvrent l’avenir qui est toujours un ajustement à l’imprévisible déroutant.

12 septembre 2018

« Quel malheur quand tous les hommes disent du bien de vous ! » Ce très grave accident arrive si, au lieu d’être prophète ou de vivre tant bien que mal « les béatitudes » au milieu du peuple, on ne dérange personne. Il ne s’agit pas d’être un trublion insupportable, mais un témoin fidèle et paisible qui interroge par son comportement tellement simple et ordinaire qu’il est troublant. Tout au long des jours et des ans, vivre dans la foi : présence, service, pardon, offrande, pose une question fondamentale à l’environnement païen. En langage audible par tous, il faudra s’expliquer sur le « pourquoi » de son comportement et des ses motivations. Si on le fait sans arrogance et avec gratuité spirituelle, alors Dieu nous compte parmi ses « pauvres ». Il nous élit « sel » qui donne du goût à la fadeur. Nous aurons peut-être des ennuis !

11 septembre 2019

Jésus « béatifie » ses disciples. Les « pauvres », ce sont eux. Saint Luc fait dire à Jésus : « Le Royaume des cieux est à vous ». Il est bien évident, pourtant, que rien n’est automatique. Il ne suffit pas de se déclarer chrétiens pour être rassasiés, rire, se réjouir, tressaillir d’allégresse. Il faut que chacun choisisse et vive, autant que faire se peut, de ne pas se laisser inonder par l’esprit de richesse, de ne pas se moquer de tout, de ne pas courir après les honneurs. Bref, on est bienheureux si, à cause de Jésus, on vit à longueur de temps simplement, généreusement et avec bonté, dans l’offrande fidèle, modeste et vraie.

9 septembre 2020

Si, autour de nous, il n’y a que louange à notre égard, faisons attention ! Cette attitude est suspecte. Ou bien on nous connaît mal, ou bien nous cachons notre vrai comportement. Il importe avant tout que nous soyons véridiques. Comme tous les humains, nous sommes des mélangés. Connaissons-nous, ne soyons pas effrayés par le « trop ou le « pas assez » qui nous habite. Recevons-les comme une invitation à la conversion, mais soyons aussi dans l’action de grâce pour la lumière que Dieu nous donne pour vivre dans la simplicité.