28 octobre 2014 (Luc 6, 12-16)
Pour bien lire l’Evangile, il faut soupeser le poids des mots et leur donner une plénitude de sens. Dans ce passage Jésus prie durant toute une nuit dans la montagne. A la clarté du jour, il appelle ses disciples à le rejoindre. Parmi ses disciples, il en choisit douze. Il leur donne le nom d’apôtres. Il faut d’abord être disciples avant d’être apôtres. Un apôtre n’est pas supérieur à disciple, il reçoit un service, c’est un serviteur des disciples pour que tous soient missionnaires et pas seulement fervents amis du Christ mais que tous soient témoins au milieu de leur « monde » et le relient à Dieu par l’offrande.
11 septembre 2012
Jésus se tient sur la montagne (hauteur), pendant la nuit (silence), dans la prière. Il appelle ses disciples à « monter » près de lui. Parmi eux, il en choisit douze (pas tous). Il les dénomme « envoyés » (apôtres), pour les associer à sa mission de Christ (envoyé). Ensemble, dans la plaine, ils se mêlent à la foule venue de loin pour être guérie et libérée.
10 septembre 2013
Prier avant de choisir et de poser un acte important ne rend pas infaillible (Jésus a choisi Judas) mais donne son poids humain à une décision. On n’agit pas à la légère. Prier avant d’appeler quelqu’un et de le ou de la choisir comme compagnon ou compagne pour une marche évangélique est une démarche d’offrande et de confiance en l’Esprit Saint. Il ne s’agit pas seulement d’une tâche à mener, mais d’un « abandon » à la sagacité de l’autre pour qu’il ou qu’elle invente selon sa personnalité.
28 octobre 2013
Parmi les « apôtres » que le Christ choisit après avoir prié se trouvent Jude et Simon que l’on fête aujourd’hui. Jude était plus ou moins de la famille de Jésus. Simon le Zélote était sans doute plus turbulent, excessif, révolutionnaire, à moins qu’il ne soit un farouche partisan de la loi. Il était « zélé » dans un sens ou dans un autre. Les douze étaient très différents les uns des autres. Ils marchaient ensemble, se supportaient et n’allaient dans le même sens que parce que Jésus vivait parmi eux et qu’ils l’aimaient. De même, aujourd’hui, les baptisés vivent dans un même élan parce qu’ils reconnaissent que le Ressuscité les habite, qu’ils l’aiment et marchent ensemble dans son Esprit.
9 septembre 2014
La prière est un colloque intime, une réciprocité amoureuse, une joie d’être au rendez-vous de l’Alliance. Qu’elle soit dans la solitude de sa maison ou qu’elle se passe dans un temps collectif pour rendre grâce entre baptisés, elle toujours un moment offert : une poignée de minutes pour signifier dans son corps que Dieu est Dieu, que l’on reconnaît son amour et que l’on se situe dans la représentation du ‘peuple’ dont on se décide solidaire.
28 octobre 2015
Jésus ne dormit pas. Il passa la nuit en prière. Il avait compris qu’il lui fallait quelques compagnons pour « marcher » avec lui, parce que rien sur terre n’échappe à la dimension collective. Au petit matin, il fit donc une démarche essentielle. Pour instituer, il faut choisir et appeler quelques-uns qui acceptent l’aventure d’ouvrir un chemin. Il en choisit douze. Ce n’étaient pas des « parfaits ». C’est un risque à prendre. Jésus le prit. Tout en marchant avec eux, il savait qu’il leur apprendrait la liberté et qu’ils auraient eux aussi à choisir.
6 septembre 2016
La foule avide de l’entendre et de guérir était là nombreuse. Elle s’était ‘déplacée’ pour venir de loin. Même dans les contrées réputées païennes, on avait entendu parler de Jésus. Mais beaucoup voulait l’entendre directement. Tous ces gens s’étaient mis en route pour le rejoindre. L’éloignement n’était pas un obstacle tant leur désir était grand. De plus les ‘malades’ avaient appris que, si on pouvait le toucher, « une force sortait de lui et guérissait tout le monde ». La personne de Jésus était point de convergence. On voulait l’entendre et guérir. Présentement, ces versets de l’Évangile de Luc nous convoquent tous. Aujourd’hui, c’est encore le moment de se mettre en route et d’entrer en contact avec lui. Une force sort de lui et rend le jour resplendissant de joie.
28 octobre 2016
Jésus sur la ‘montagne’, à la clarté du jour, après avoir prié, choisit ses apôtres parmi les disciples. L’Envoyé de Dieu appelle douze hommes précis. Il leur donne le nom d’Envoyés. C’est dire qu’ils entrent dans une mission identique à la sienne. Ce sont des associés de plein droit. Ayant accompli cet appel, Jésus descend avec eux sur un « terrain plat ». C’est dire qu’ils rejoignent ensemble les préoccupations journalières de la foule des humains qui cherche « à toucher » Jésus pour être guérie, c’est-à-dire pour bénéficier de la Force qui sort de lui le Christ-source.
6 septembre 2017
Après une nuit entière de prière dans l’obscurité, le jour venu Jésus appela ses disciples. Il en choisit douze pour être plus particulièrement ses « proches ». Etaient-ils tous parfaits ? Certainement pas ! Etaient-ils tous d’accord entre eux ? Certainement pas ! Comprenaient-ils tous quelle serait leur mission ? Certainement pas ! Mais ils avaient confiance et croyaient qu’en marchant avec Jésus, ils découvriraient jour après jour comment germerait en eux la lumière sur ce qu’il convenait de faire. Il leur faudra sans cesse revenir intérieurement à ce moment fondateur et le ratifier dans la liberté. Juda hésita.
28 octobre 2017
Prier dans l’obscurité en attendant que le jour vienne et que la décision se mette en œuvre. Ainsi agit Jésus avant de choisir ses apôtres parmi ses disciples. Jésus avait compris qu’il avait besoin de « marcher » avec un groupe. Sur terre, il n’y a pas d’œuvre durable sans qu’elle ne soit ‘supportée’ par un ‘ensemble’ solidaire qui partage une conviction commune et des pouvoirs analogues. Les hommes choisis pour être des « envoyés » sont des faillibles. Ils ne comprennent pas très bien ce qui leur est demandé. Ils l’apprendront en fréquentant Jésus et en l’admirant, en l’interrogeant, en échouant, en reniant et en étant rivaux entre eux. Ce ne sont pas des « parfaits », mais des « pauvres » qui se laissent envahir par la grâce et deviennent souples à la Parole de Dieu. Un, pourtant, refuse. Grandeur dangereuse de la liberté.
11 septembre 2018
« Parmi les disciples, il en choisit douze ». Tout cela se passait sur la montagne où Jésus avait prié toute la nuit. A la lumière du ‘Jour’ qui se lève sur les disciples qui sont avec lui, il choisit d’en appeler douze, il leur donna le nom d’apôtre, ce qui veut dire « envoyé, chargé de mission ». Puis, avec eux, il descendit de la montagne et « s’arrêta sur un terrain ‘plat’ » (je comprends : sans relief, ordinaire). Devant tous les disciples et au milieu de la foule accourue pour se faire guérir en accueillant la force qui sortait de lui, il suffisait simplement de se s’approcher de lui, au point de le toucher. Il déclara alors : « Heureux les pauvres ! », c’est-à-dire ceux et celles qui tendent la main pour accueillir.
28 octobre 2019
Le terme « apôtre » que Jésus employa pour caractériser les douze disciples choisis est plein de signification. Ce ne sont pas que des « disciples » qui suivent Jésus, l’écoutent et tentent de se convertir selon sa Parole. Mais ils sont aussi des chargés de mission collégialement envoyés pour attester à leur manière la Résurrection du Christ. L’Esprit les guidera. Ils ont autorité pour ‘inventer’ et leur vocabulaire dans la prédication et leur manière de vivre tant leur foi que leur ministère. Ils parleront, ils écriront, ils agiront pour faire comprendre à leurs contemporains que Jésus de Nazareth est bien le Fils de Dieu.
28 octobre 2020
Parmi les douze, Jésus choisit Simon : un zélote, c’est-à-dire un ‘ardent’ dans la foi et la politique ; elles se renforcent l’une l’autre en un seul et même combat farouche contre les occupants romains. J’admire le chemin de conversion et de douceur qu’il lui fallait prendre pour suivre Jésus. Avoir aussi comme compagnon Matthieu – s’il est réellement « le publicain » qui se lève de son bureau pour suivre Jésus – caractérise vraiment un tour de force de la foi ! Faire partie de la même communauté n’était pas facile. Les apôtres sont tous des hommes qui se convertissent en se supportant les uns les autres. Seul Judas ne parvient pas à se libérer de l’argent qui lui colle aux doigts.
7 septembre 2021
L’évangile de Luc nous parle de Judas qui devint un traître. Est-ce un long processus ou une déchirure spontanée et immédiate ? A mon sens, l’amour de l’argent n’explique pas tout. L’apôtre Jean le taxe de voleur ! Je redoute seulement que, dans le cheminement avec Jésus, les « choses » se soient détraquées petit à petit ! Il m’arrive de penser que Judas aurait préféré qu’un ‘Messie-idéal’ soit un homme de pouvoir et prenne des positions politiques nettement anti-romaines afin de restaurer l’hégémonie religieuse. Peut-être qu’à son goût, Jésus était trop laïque : « Mon Royaume n’est pas ce monde ». Cette expression familière à Jésus lui écorchait-elle les oreilles ? Je ne sais ! Mais ça se peut !
28 octobre 2021
Parmi ses disciples, Jésus en appelle douze. Je ne sais pas comment s’élabora son choix, ni quels furent ses critères. Sans doute, appelle-t-il ceux qu’il juge disponibles pour partager l’intimité de son message et ‘marcher’ avec lui. Il choisit des hommes libres et non des petits soldats à sa solde. Ses collaborateurs ont besoin d’approfondir sa mission. Ce sont des humains. Il n’est pas certain qu’ils aient intériorisé la profondeur de l’amour du Christ. Il faudra qu’ils le découvrent et se convertissent. Ce n’est pas gagné d’avance. Comme dans toute entreprise humaine, il faut compter avec le temps et la permanence de la fidélité. Simon renie, les fils de Zébédée veulent de bonnes places, Juda trahit. Ils ont pourtant été choisis. L’amour ne grandit que si on l’entretient ; fragile, il compte sur le « pardon ».
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