Guillemin Suzanne

Mère Guillemin, fille de la charité (1906-1968), Supplément : écho de la Maison Mère n° 7 juillet – septembre 1969

J’ai lu cette monographie de 307 pages avec plaisir et avidité. Mon ministère m’a permis de rencontrer cette grande dame, une vraie i.f.d.l.c.s.d.p.m (indigne fille de la charité servante des pauvres malades). Sa lucidité, son amour de Dieu, son imprégnation de la spiritualité de Vincent de Paul, sa présence à la modernité, son sens de l’Eglise, m’impressionnaient. Elle me regardait comme un “jeunot” fougueux mais, dans un respect du “presbytérat”, elle m’apportait de sages conseils pour lire le monde. Elle rayonnait le courage d’inventer. Elle allait de l’avant pour répondre à l’appel du Christ qui retentissait en elle. Elle comprit merveilleusement l’action des laïcs et des femmes en particulier. Elle fut de celles qui créèrent l’UNCAHS. Invitée permanente à Vatican II, elle travailla beaucoup en commission avec les évêques.

Parce que la mort la saisit jeune, elle n’a pas assisté aux cassures fortes de la chrétienté. Elle comprit qu’il fallait structurer l’Eglise autrement, recentrer les congrégations religieuses et les désembourber. Mais comme nous tous, elle n’avait pas saisi qu’il fallait que les formes ecclésiales meurent pour qu’elles ressuscitent tout à fait autrement. Avec elle, nous avons tous plus recrépi la façade que créé à partir du souffle de l’Esprit au sein du monde païen. Nous n’avons pas osé aller jusqu’au bout de notre intuition. D’ailleurs, plus de trente ans après sa mort, nous sommes encore dans une logique de chrétienté pyramidale. Nous n’écoutons pas l’Esprit Saint et nous nous cramponnons aux débris du naufrage, nous n’attendons pas le salut et restons nos plumeaux à la main. Mère Guillemin, aidez-nous !

Notices bibliographiques

3 janvier 2004