Mes amis sont affolés ! Et Louis me téléphone longuement.
Sa maman a quatre-vingt huit ans. Elle a eu une « pause » cardiaque et voilà qu’à l’hôpital Saint-Joseph on l’a réanimée et on l‘a tirée de ce très mauvais pas. Mais elle demeure parfois confuse et, actuellement, paralysée.
A quatre-vingt huit ans !
Maintenant, il faut lui trouver un endroit pour qu’elle puisse continuer à vivre le moins mal possible.
Par une série de recommandations et de recoupements, cette dame âgée a pu entrer au pavillon des cadres des Invalides du travail.
Les chambres sont luxueuses et co quettes, les salles de bain et baignoires bien aménagées,mais il y a un inconvénient : il n’y a pas de personnel !
Et les vieillards qui ne peuvent, par eux-mêmes, se servir, restent dans leur lit à longueur de journée, loin de tout et de tous.
Le luxe semble, ici, une prison supplémentaire et dresse entre les hospitalisés un mur épais et increvable.
En plus de cela, il m’a semblé que mes amis avaient mauvaise conscience de mettre leur maman à l’hôpital. Pourtant, ils ne pouvaient pas la garder chez eux. Leur tristesse finit d’inquiéter cette vieille dame.
Les moyens financiers ne résolvent pas tout !
On a fait vivre cette vieille dame, et puis après, on la met dans un lit pour qu’elle y meure à petit feu !
Je ne crois pas que Monsieur Caillavet ait raison, mais je redoute que les services de réanimation aient tort !
Est-ce que le systématique s’applique ici et qu’à chaque personne qui entre il faut entreprendre une série de soins ordinaires, mais extraordinaires dans leur conjoncture ?
Et l’autre jour, la fille de cette dame me disait : « On ne sait plus où la mettre ! » mais c’est peut-être bien elle qui ne savait plus où se mettre !
En toute hypothèse, tout le monde était mal dans sa peau et tous les rendez-vous étaient manqués !
16 juin 1978
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Fausses proximités