Les choses s’emmêlent dans ma tête ! Tous ces hommes qui sont venus travailler chez nous – et pour nous – et qui ont donné la sueur de leur corps pour une économie capitaliste se voient, parfois, renvoyés chez eux dans les pires conditions.
Ils ont travaillé dur pour enrichir notre pays et faire des travaux que les Français ne voulaient pas faire.
Ils sont seuls, sans famille, entassés entre hommes et, le dimanche, sans beaucoup de moyens, ils traînent dans les rues désertes de notre ville.
Faut-il faire venir leurs familles, leurs femmes et leurs enfants ? Si oui, faut-il établir des ghettos ? Faut-il leur réserver des écoles ?
Faut-il les assimiler en leur faisant perdre leur religion et leur culture ?
Faut-il les renvoyer chez eux décemment, après rupture de contrat ?
Bref, je ne sais pas… Mais je trouve que la manière d’en parler est trop légère !
Je sais bien que l’on est ému devant beaucoup de situations.
Je sais bien que c’est une affaire de cœur.
Mais est-ce une seule affaire de cœur ou faut-il qu’aux sentiments normaux s’ajoutent les lois inexorables de la politique, de la sociologie et de l’économie ?
Je ne sais pas !
6 avril 1978
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