12. « Autrement » à la billebaude

Me voilà retiré dans mon appartement sans ministère diocésain. Cela ne veut pas dire que je suis en congé d’Église et d’une vie de relation et d’approfondissement de la foi avec ceux et celles que je rencontre. Si j’innove, ce sera au titre de mon baptême et pour tenter de ‘dire’ l’Évangile à ma manière.

J’ai eu le privilège d’habiter dans un appartement tout neuf que j’ai occupé pendant une trentaine d’années. J’ai eu trois propriétaires successifs qui m’ont prêté le logement qu’ils possédaient en nue propriété. Nous étions convenus de trois points précis :

• S’ils me le demandaient, je quittais les lieux en six mois.
• Je payais seulement les impôts et les charges.
• J’entretenais en « bon père de famille » leur bien.

Je le fis repeindre entièrement. Ce fut fait en une quarantaine de jours. J’ai habité Saint-Cyr pendant ce temps-là, dans la petite maison que mon frère Rémy m’avait prêtée à condition que je la rénove intérieurement et la rende habitable. Mais ce dernier point est une autre « affaire » de l’Autrement.

Rue Laënnec, je fis installer la ‘Clim’ et j’entretenais les plantes que j’avais fait planter sur le balcon. J’aménageai une pièce en bureau. J’appris à me servir d’un ordinateur. De plus l’immeuble possédait un garage où je pouvais loger mon « Ami 6 » ! Les autres habitants de l’immeuble furent de charmants voisins.

Dans cet appartement idéal, je retiens quatre innovations pour les hommes et les femmes qui m’honoraient de leur confiance /

• Je recevais tel ou tel prêtre ou laïc pour déjeuner ensemble à la cuisine. Le traiteur de la place Courtois me fournissait les plats. Je n’avais plus qu’à faire chauffer et deviser en mangeant.
• Les « Grandes soirées » où j’invitais une personnalité nationale. Je nomme quatre d’entre elles : le pasteur André Dumas, le journaliste Jean-Marie Brunot, l’éthicien Xavier Thévenot, le psychiatre jésuite Denis Vasse. Google vous renseignera sur leur vie et leur retentissement. Une dizaine de jeunes garçons et filles venaient débattre avec nous. Heures délicieuses.
• Le « Radar ». Robert Doldourian, jeune retraité de responsabilités à la Banque de France, fin musicien et aussi passionné de l’Arménie et de sa culture en fut l’animateur. Le Radar rassemblait une dizaine de personnes très différentes : depuis une Jociste jusqu’à un magistrat, président de Cour d’assise en passant par un médecin hospitalier. Un large éventail de personnes bien enracinées dans la société. Quatre temps à la soirée. Pendant quarante minutes on fait un tour de table pour écouter ce qui, à chacun ou chacune, semblait important dans la société, depuis la dernière réunion. Pendant vingt minutes le groupe choisissait parmi tous les sujets remarqués celui qui lui paraissait capital. Pendant vingt minutes, celui ou celle qui avait apporté ce sujet remarqué l’explicitait, l’exposait comme sur un écran. Pendant les trentes dernières minutes de la réunion, tout le monde donnait son avis. Un bref résumé de toute cette richesse sociale serait établi et envoyé. Soirée captivante menée par Robert.
• La Fondation Après-Tout tenait ses premières réunions. Le comité, vers 21 heures trente, prenait un léger repas où, la bouche pleine, les participants continuaient leurs échanges et tentaient de se mettre d’accord. On prenait date de la prochaine rencontre et, à 22 heures, on se dispersait. J’ai beaucoup aimé ces rencontres. Elles vérifiaient la création heureuse de cette « fondation ».  Restait à l’alimenter pour financer les demandes !