37. Un scrutin se profile

En France, un projet de loi se prépare. Les commissions de l’Assemblée Nationale et du Sénat cherchent comment établir les meilleures règles pour désigner, d’une part, les membres des conseils de région et, d’autre part, les membres français du Parlement européen de Strasbourg. Les textes qu’ils élaborent dénotent leur conception de la démocratie, de son organisation et de son exercice. Leur idéologie perce à travers leurs propositions. Il n’est pas exagéré de penser que le parti actuellement majoritaire prévoit un mode de scrutin qui lui laisserait des chances de gagner les élections régionales et européennes. De mémoire de citoyen ce, fut pratiquement toujours le cas en France. Ce n’est donc pas une nouveauté et d’ailleurs. Existe-il vraiment une loi qui serait plus juste qu’une autre et qui, en même temps, donnerait une majorité réelle qui puisse gouverner, tout en tenant compte de l’opposition ?

Il y a plus de cinquante ans que je vote. Je ne me souviens pas m’être abstenu, mais je crois avoir toujours hésité avant de me déterminer pour l’un ou l’autre bulletin : question de tempérament, de stratégie politique ou d’ambiguïté de la règle du jeu de l’élection…

En février 2003, je ne connais pas les détails du projet de loi qui commence à alimenter les oppositions et les chicanes. Ceux que l’on appelle les « petits partis » s’agitent très fort. Si, les législateurs suivent les orientations du projet, les formations qui n’obtiendront pas 10% des inscrits se trouveront éliminées dès le premier tour du scrutin. Hécatombe !

Pour maintenir leur survie en dignité et en finances, Messieurs Hue, Saint-Josse, Mamère, Chevènement, ainsi que Madame Lepage, viennent à la convocation de François Bayrou et menacent de bloquer le débat à l’Assemblée nationale en déposant des milliers d’amendements. Les autres : Besancenot, Laguillier, Le Pen, Taubiraétaien, t-ils invités ? Je ne sais pas !

C’est là que s’ouvre en moi un débat auquel je n’ai pas trouvé de réponse satisfaisante. Faut-il penser que la démocratie en France a besoin d’une dizaine de petits partis pour se bien porter ?

Je n’en suis pas certain ! Je préférerais que, chez nous, deux seuls partis existent : une organisation de gauche et une organisation de droite. A l’intérieur de ces grands ensembles il y aurait évidemment plusieurs tendances bien typées, elles nourriraient le débat, voire l’opposition, au sein de leur large famille politique. Rien n’empêche que la discussion démocratique existe au sein des grands ensembles et qu’un peu de manne pécuniaire nourrisse chacun des courants. Une bannière commune n’exige pas que tout le monde pense d’une manière identique et aligne son vote.

J’estime que l’émiettement ne favorise pas la vraie démocratie dont l’épicentre n’est plus l’agora d’Athènes. Même si je ne suis pas certain de ma position, je préfère que l’on favorise des regroupements. La guerre des petits chefs m’attriste et me consterne.

Que Bayrou parle à Juppé et lui demande vingt-cinq candidats en position éligible !

Que Hue réclame à Hollande vingt députés !

Que Chevènement, après avoir choisi son camp, exige dix sièges auprès de son leader !

Que Mamère explique à Hollande qu’il lui faut l’élection de six députés !

Que Taubira et Lepage choisissent chacune leur famille !

Vous êtes alors fondés de me demander : « Où places-tu les extrêmes ? «  Besancenot et Laguiller deviennent députés ou sénateurs avec Hollande qui gère son aile extrême-gauche ; les autres de droite entrent aussi au Parlement et font partie de la même majorité que Juppé qui les drive.

A mon avis – mais je suis prêt à reconnaître mes errements et mes égarements -, ce serait un des moyens pour restaurer l’esprit démocratique de notre pays et ne pas laisser à la rue le soin de régler les conflits !

Qu’en pensez vous ? N’ayez pas peur de donner votre position et ses arguments ! Merci !