La fécondité comme miséricorde
La miséricorde est un cœur ouvert par tendresse pour ceux qui a priori ne le méritent pas. La miséricorde dépasse le donnant-donnant. Elle n’attend rien en retour. Elle est à l’initiative, elle parie sur l’amour et ne cherche pas son intérêt. Elle n’est pas à parité. La miséricorde n’est pas d’abord conjugale.
Imprégnée de pardon, elle accorde par avance la réconciliation. Elle ne discute pas. Cordiale, elle suscite l’harmonie et comble tout désaccord. Elle met « à niveau » pour une sorte d’égalité, elle n’est pas à la « hauteur ».
La fécondité est un état « source ». Ce mot dit l’abondance, la fertilité, la richesse, la re-production, la descendance.
Élisabeth, la cousine de Marie, une femme stérile, devient féconde. Elle met au monde « Jean » qui se retirera à l’âge adulte au bord du Jourdain pour baptiser en vue de la conversion. La grâce de la fécondité qui a touché la mère irriguera le petit. Les foules accourront pour se tremper en Dieu et changer de vie. Ce lieu devient un « vivier-vivifiant ». D’après Jean l’Evangéliste, c’est là que Jésus, pas loin du désert, mais dans la vallée féconde du Jourdain, rencontrera ses premiers disciples.
Dans la fête de l’Incarnation, Dieu nous donne Jésus ; ce n’est pas l’homme qui « fait » Dieu, c’est Dieu qui prend corps chez nous. La miséricorde, la bonté de Dieu, prend l’initiative de se livrer aux limites de notre nature. Aucun mérite de notre part. Pure miséricorde.
La naissance du Baptiste et la naissance de Jésus en sont deux signes. De ces deux hommes, l’un ferme un temps, l’autre ouvre l’avenir. Deux fécondités, deux miséricordes !
Ainsi en est-il du baptisé ! Sa fécondité spirituelle n’a pas fini de l’étonner lui-même. S’il consent à l’accueillir comme une miséricorde, c’est-à-dire comme un don qu’il ne mérite pas et dont il n’est redevable à aucun humain, il va surfer sur les années de sa vie. Parfois des secousses, d’autres fois des plongeons, toujours du large, jamais d’imprudence mortelle, uniquement le bonheur de vivre dans un risque mesuré qui joue avec le vent.
23 décembre 2005
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