Fécondité
Nous avons tellement lu ce passage…
Nous l’avons tellement commenté et prié…
Nous l’avons tellement admiré, qu’il ne nous étonne pas assez et ne nous remplit plus d’effroi. Nous sommes à peine bouleversés et nous croyons trop par habitude.
Et pourtant, cette annonce chamboule Marie de Nazareth. Elle ne sait pas. Elle n’a sans doute jamais prévu qu’une telle demande pouvait lui être adressée. Ce n’était pas dans ses plans.
Dire oui l’engage à quoi ? Demain pourra-t-elle assumer ce premier oui de la confiance ? La maîtrise de sa trajectoire terrestre va sans doute lui échapper ! N’est-ce pas une vie trop étroite ou trop large ce qui revient au même ? Peut-elle se déterminer sans avoir examiné toutes les grandes étapes du parcours ? Ce n’est pas tout d’avoir un gosse, mais ce que le « messager » en a dit n’est pas très rassurant et puis surtout ce n’est pas prévu. « Ça n’arrive qu’à moi ! »
Derrière les interrogations naïves de Marie se cachent nos propres peurs : crainte d’être conduits malgré nous à l’accomplissement d’un projet trop merveilleux pour être d’avance accepté.
Même si le oui initial a une grande importance, il n’engage que jusqu’au « oui » suivant. Il n’y a pas abdication de la volonté et de la liberté. D’autres événements vont suivre. Ils donneront encore la possibilité de l’offrande, de la réticence, de l’aménagement, du refus. Nous ne sommes jamais « préfabriqués » par notre premier acquiescement. Les logiques d’existence ont toujours des carrefours de réflexion.
Je crois aussi que la première décision (oui ou non) qui engage, vaut mieux que de rester dans le flou délétère qui n’est qu’une pseudo liberté.
Ma foi me dit aussi que mon engagement libre en oui ou en non engage le don de Dieu. Le Seigneur est obligé de favoriser et de soutenir ce que décide ma liberté. À mesure que j’inventerai une position dans le déroulement historique du temps, sa présence permanente et bienfaisante transformera en fécondité éternelle ce que je choisirai au fur et à mesure des aléas.
J’agis du mieux possible à partir de mes capacités discutées avec d’autres. Dieu se charge du reste…
8 décembre 2005
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