Introduction : Luc 1-2

Le Messie et son collège de prophètes

Chaque jour, l’office des Heures place dans notre louange trois cantiques évangéliques puisés dans Saint Luc aux chapitres 1 et 2 :

Le Cantique de Zacharie
Le Cantique de Marie
Le Cantique de Siméon

Tous les trois sont prophétiques ; ils s’appuient sur la promesse d’Alliance et la développent dans l’attente d’un Messie qui accomplira la Parole donnée au peuple élu. Zacharie emploie cinq expressions pour décrire le Souffle de Dieu qui prendra corps pour visiter l’Israël de tous les temps.

Le grand prophète sera :

  • Une force : C’est-à-dire une vaillance, un courage, une fécondité. Rien ne peut mettre en échec le don de Dieu qui extirpe de l’enlisement et ouvre l’avenir.
  • Un salut : Il réalise une mission de libération, il est salut, il décrète le temps de grâce où chacun et le peuple trouvent ensemble l’aisance de l’épanouissement. La captivité s’achève, la terre promise est donnée et déjà se profile le bien ÊTRE.
  • Un amour : Il actualise la gratuité du don de Dieu. Le pardon s’accomplit. Nulle raideur, nul éparpillement, nulle réserve. Toutes les forces se conjuguent pour signifier le dessein de tendresse et le rendre tangible.
  • Une mémoire : Il met à jour et au jour le projet que Yahvé réserve à son peuple quand il sera prêt pour entendre et comprendre. Une longue histoire culmine dans le Messie, elle a commencé depuis longtemps dans le cœur de Dieu ; la vocation d’Israël s’accomplit.
  • Un serment : Il tient la promesse du Vivant. Au nom du Seigneur, il passe à l’acte. Ambassadeur plénipotentiaire, sans esbroufe mais fermement, le Messie montre que la Parole de Dieu est sans oubli. Un jour, elle se déploie. Rien ne se perd : la fidélité tient promesse. La plus petite semence devient un arbre vigoureux.

Par la foi, nous connaissons le Messie de Dieu ; en lui, non seulement il résume la force de l’initiative divine, mais aussi s’organise la traversée du temps et l’édification de l’histoire. Cette visée prophétique suscite le peuple, le soutient et l’oriente dans sa marche.

Chaque jour, Élie, nourri du zéphyr de Dieu, revient près de nous avec Moïse pour contempler le Christ transfiguré. Il nous introduit comme les apôtres abasourdis dans le souffle du Messie prophète.

Le peuple dont nous sommes, aussi petit soit-il, est une mémoire d’alliance ; à lui seul, il signifie le serment de Dieu : « Je n’oublierai jamais que mon Fils a partagé le destin de l’humanité, en lui et en elle je trouve toutes mes complaisances ».

L’amour dont nous vivons les uns vis-à-vis des autres préfigure et réalise le début du salut. Depuis l’Annonciation du Christ, ce ne sera jamais plus comme avant ; nous croyons que l’amour a résidé dans le monde et que ce Verbe unique et partagé devient tangible à ceux qui le cherchent. Dans les aléas du monde, un collège de prophètes ouvre le ciel et empêche l’étau du mal de se resserrer ; il y a toujours un espace pour une initiative.