Matthieu 6, 7-15

28 février 2012

Originalité de la prière chrétienne. En Christ, les baptisés adorent et rendent grâce. S’ils demandent quelque chose à Dieu, c’est qu’ils sont prêts à le recevoir, à retrousser leurs manches et à commencer des actions pour accomplir avec d’autres humains l’objet de leur imploration.

21 juin 2012

Le règne de Dieu n’est pas domination mais service. Dieu engendre la liberté, la responsabilité. Sa confiance et son amour se confondent dans le don qu’il fait aux humains. Il les invite à avoir entre eux les mêmes relations qu’il a avec eux. Il leur propose de vivre déjà sur terre les prémisses de la relation trinitaire.

19 février 2013

La prière est un combat quotidien, c’est un apprentissage permanent. On n’a jamais un C.A.P de priant. Chaque jour le fidèle accueille le Don de Dieu et l’en remercie, offre le monde duquel il est solidaire par libre option, étale devant Dieu son vrai désir de vivre en communion fraternelle, puise en la bonté de la Relation trinitaire la force du pardon, implore le courage de témoigner de l’Evangile dans les contradictions tourmentées du monde.

20 juin 2013

Prier ne dédaigne pas les paroles, les gestes, les chants, les attitudes corporelles, les liturgies, l’oraison, car, en nous, tous ces ‘procédés’ induisent chacun à sa manière l’accueil de l’Esprit pour vivre un «  état d’Esprit ». Celui qui prie en nous, en nous portant et supportant, c’est le Consolateur donné par Jésus, il nous tire de la solitude désolée et désolante pour nous donner « son souffle de Vie » et nous allons librement sur le Chemin qui va vers Dieu : le tout Autre.

13 mars 2014

La prière n’est pas d’abord flot de paroles récitées par cœur, mais présence et silence. La prière est un face-à-face mystérieux. Les pensées enchevêtrées trahissent joie et volonté d’être là, un moment, à l’humble disposition gracieuse de Dieu et de son Christ. Les mots embarrassés formulent vaille que vaille dialogue amoureux, mémoire reconnaissante ou expression d’une demande confiante. Ce peut être aussi une phrase de l’Evangile qui résume la dimension collective de la foi de l’Eglise. En toute hypothèse, la prière est toujours un affrontement filial plus ou moins ardent.

19 juin 2014

Notre Père. Reconnaître que Dieu est Père dans toute l’extension du terme, c’est déjà le sanctifier et le remercier. La fécondité le rend Père : il en assume totalement, sans restriction, divinement, toutes les charges. Il aime ses enfants d’un amour créatif, il leur délègue tous ses pouvoirs, il les envoie pour susciter entre eux une fraternité sans réticence, il leur fait confiance pour qu’ils se fassent confiance les uns les autres au point qu’ils deviennent ensemble Corps du Christ. Il les attend  à tout instant : à leur égard, il se tient dans l’accueil, son pardon traduit un don total qui culmine en fête. Il respecte leur liberté, leur oui minuscule à son amour paternel lui suffit.

24 février 2015

Ne pas « rabâcher » des prières, aussi belles soient elles, enfiler des formules toutes faites et accomplir des gestes machinaux pourtant pleins de signification peuvent tuer la vraie prière en endurcissant les cœurs. Il est certain que la prière commune récitée à haute voix a besoin de textes communs. Il est évident que la récitation d’une prière originale peut nourrir la communion de personnes dispersées, mais ce qui compte le plus pour les baptisés, c’est de remercier Dieu de nous avoir visités en Jésus Christ.

18 juin 2015

La prière est une reconnaissance spécifique des croyants en Dieu. La prière les situe humblement devant Dieu : le Tout Autre. Les baptisés croient que cette ‘re-co-naissance’ (nouvelle naissance commune) envers Dieu les plonge en l’intimité du Christ qui apprend à chacun et à tous que Dieu est Père, source constante de Bonté, celle qu’il porte à chacun pour qu’il en vive en la partageant avec tous.

16 février 2016

La prière est tout à fait autre chose que le rabâchage. Pour des baptisés, c’est d’abord un temps précieux où quelqu’un, voire quelques-uns, se souviennent qu’ils sont Corps du Christ et qu’en sont intimité ils s’adressent à son Père qu’ils croient « notre Père » commun. Avec le Ressuscité, par lui et en lui, ils rendent grâce, ils offrent la création entière, ils communient à la bonté et se disposent à vivre sur terre en enfant de Dieu et en frère des hommes. Les rites et les mots ne sont que des supports à la vérité des cœurs.

16 juin 2016

Même si prier seul ou en commun, à haute voix, même si la récitation d’une prière peut tenir le cœur vigilant dans le silence de Dieu, la prière n’est qu’une introduction ou une marche vers la grandeur de Dieu et son mystère. Elle n’est qu’une manière humaine de vivre l’imploration et en même temps la disponibilité. Elle n’oblige pas Dieu, elle situe le baptisé à sa place de créature qui, dans la foi, s’adresse à Dieu par l’intermédiaire de sa Parole. Christ porte nos paroles et nos sentiments d’amour, de reconnaissance, d’appel et de demande. La prière est un moyen humain de se tenir simplement avec Jésus devant Dieu, son Père.

7 mars 2017

La prière personnelle n’est pas rabâchage, c’est certain ! Il ne s’agit pas de déclencher l’action favorable d’un Dieu têtu et sourd. La prière singulière d’un homme ou d’une femme, inséré dans une époque, est une mise à disposition d’un cœur accueillant à la bonté du Seigneur qui ouvre les yeux de l’orante, lui donne force lucide pour l’action, entraine sa persévérance et sa patience. La prière est un ‘étalement devant Dieu’ pour exprimer louange, confiance, action de grâce à son égard. La prière est une relation avec un vivant qui prépare dans le silence l’audace personnelle de se lever pour entreprendre. La prière est un temps pour rien, un repos de l’intelligence qui se met en disponibilité, la prière est une simple offrande intime qui se mêle à celle de Jésus ressuscité qui présente sans cesse à son Père le monde dont il est solidaire. Prier est une manière d’être à longueur de journée.

22 juin 2017

Lorsque l’on a compris que l’on était soi-même faillible et que, même drapé dans la vérité approximative, l’on ne pouvait pas juger autrui et le condamner pour ses manquement, voire ses péchés, on est conduit à une sorte d’humilité sociale, cousine germaine du pardon. Mais si, par grâce, on se découvre soi-même « pécheur-pardonné » par la tendresse de Dieu, on entre dans la zone de la bonté qui n’oublie rien, demande parfois réparation et pardonne tout. Dieu, qui me pardonne, me traverse et m’entraine avec lui dans son par-don (don parfait) pour autrui. C’est le cheminement de la grâce de Dieu en moi qui, non seulement me restaure, mais m’invite à restaurer autrui qui m’a affligé. Parce que je suis pardonné, je suis pardonnant. C’est une « constante » de la vie chrétienne du baptisé.

20 février 2018

« Notre Père ». Je suis de ceux qui s’émeuvent de l’usure des mots progressivement grignotés par notre culture occidentale qui ne fait pas assez attention aux valeurs et principes fondamentaux qui la génèrent. On risque bien d’aller vers une confusion des langages. Est-ce trop dire que le mot Père, par exemple, est en train de vaciller et de perdre sa signification ancestrale, majestueuse et puissante ? Les très jeunes générations n’ont plus grand chose à retenir de l’image du Pater Familias qui, dans presque toutes les familles, était jadis le ministre régalien de la justice, des affaires étrangères, des finances, de l’éducation des « ados » et de la ‘guerre’. La paternité est Source, quels que soient les affluents de la vie courante qui enrichissent le don premier de l’existence, la réalité du Père. Il est absolument nécessaire de savoir quelle est notre origine commune qui nous établit frères et sœurs. Notre Père.

21 juin 2018

«  Votre Père sait de quoi vous avez besoin ». Inutile de rabâcher et de prier pour demander telle réussite ou telle guérison. Le Père nous connaît et nous aime. Prier est d’abord entrer en disponibilité et en amour pour vivre avec foi ce qui se présente. Prier est aussi s’assouplir devant Dieu et devenir consentant pour comprendre les événements de la vie et les vivre au jour le jour dans l’intelligence, l’action et l’offrande. Prier est encore s’établir dans la solidarité et la communion avec autrui pour se disposer à le servir selon l’Evangile. Prier c’est encore demander pardon et grâce pour nous-mêmes et la multitude afin que nous demeurions dans la paix et la confiance. Prier est enfin une attitude intérieure pour se disposer à entrer dans l’éternité du Dieu qui parle dans la nuée.

20 juin 2019

Ce ne sont ni les comportements, ni les mots qui ont pouvoir sur l’amour que Dieu nous porte. Dieu aime et c’est tout. Il ne change pas les lois de la création pour l’un ou l’autre d’entre nous. Je crois, par contre, qu’il donne à chacun ou à chacune la force de vivre et d’assumer la réalité humaine selon l’histoire de son Temps et de sa Culture. Il élève chaque priant qui se tourne vers lui, à la hauteur de ce qu’il peut supporter ou envisager  dans sa liberté, son tempérament, sa justice, sa quête de vérité, la fraternité reçue… ‘Sur la terre comme au ciel’.

3 mars 2020

La prière personnelle est une attitude individuelle qui emprunte les mots de son propre vocabulaire. Rien n’est écrit dans les livres liturgiques, la prière jaillit du cœur. Elle dit à Dieu ses sentiments intimes. Elle est privée et secrète. Elle jalonne les journées comme une brève louange, une offrande exprimée, un secours demandé. Elle est une ‘relation’ discrète et modeste, elle ne se montre pas au coin des rues, elle ressemble à une respiration de la foi. La prière communautaire se tient là où la communauté se rassemble. Elle s’adresse au Christ qui se tient au milieu d’elle. La prière chrétienne n’est jamais extravagance sur la place publique sous prétexte de mission.

18 juin 2020

La prière de demande et l’intercession, quoique différentes dans leur forme, ont la même origine et s’appuient l’une et l’autre sur la même confiance en la bonté de Dieu qui prend soin de chacun. Elles sont la reconnaissance de notre pauvreté et de l’indigence de la condition humaine. En elles, rien d’automatique, Dieu n’est pas « un distributeur » mais un amour qui nous respecte et nous donne courage et force pour faire presque l’impossible. Ce n’est pas une évasion en chargeant Dieu de faire à notre place des actions difficiles, mais reconnaître loyalement la limite de nos forces. « Toi qui nous aimes, donne-nous ton Esprit qui nous aidera et nous conseillera. Je te fais confiance et me mets au travail ».

23 février 2021

La prière n’est pas d’abord une demande, mais une sorte de contemplation et de louange envers le Dieu Trinitaire qui aime les humains en se « donnant ». Si elle est ‘rogatoire », c’est d’abord pour obtenir force, courage et persévérance, en vue de réaliser soi-même ce que l’on demande à Dieu. La prière est aussi une force pour accomplir avec ténacité ce que l’on désire pour se rendre disponible à la vie fraternelle. Elle est encore l’expression d’une confiance humble au « Tout amour de Dieu » dont Jésus nous a montré sur terre, l’immensité bienveillante.

17 juin 2021

Dire des prières, réciter des prières, n’est pas pour autant prier et encore moins contempler. Prier, c’est se disposer à accueillir la Parole et la greffer en son cœur, c’est s’unir à Jésus, le Christ ressuscité, pour, sur terre, entrer dans la dynamique de l’amour trinitaire. C’est aussi se confier à la miséricorde et à la bienveillance de Dieu. C’est enfin oser être vrai, pauvre et désarmé, face à la Bonté qui nous ‘confond’. Reste que la prière commune et à haute voix peut se référer à un texte commun qui surgit tout droit de l’Évangile : Notre Père…, ou prendre la forme d’un chant harmonieux pour associer la beauté à la foi.