4 août 2012
Les promesses pas assez réfléchies entrainent parfois des drames, petits ou grands, parce qu’elles sont faites trop vite à des personnes dont on n’a pas suffisamment éprouvé la confiance. On n’a pas estimé le bien fondé de la demande et on se sent lié par un engagement hâtif. On est conduit là où l’on ne désirait pas forcement aller. Le point d’honneur ravage souvent la liberté profonde. Histoire d’Hérode et de Jean Baptiste.
3 août 2013
Jean le Baptiste n’est pas assez « terne ». Il dit trop la vérité. Ce qu’il prêche à ceux qui viennent au bord du Jourdain, dans une démarche de conversion, il prend le risque de le dire au Prince de Galilée. Il ne triche pas. Tant pis s’il se fait des ennemis qui useront de moyens détournés pour le réduire au silence ! « Il ne peut pas ne pas parler ». Aujourd’hui encore, les amis de la Parole, habités par l’Esprit, prennent le risque d’intervenir pour promouvoir la justice et sauver les personnes du mensonge qui les empoisonne.
2 août 2014
Comme un homme du désert et de l’absolu de Dieu, comme un homme qui n’a que faire des honneurs et de sa promotion personnelle, Jean le Baptiste crie la vérité sans détours aux puissants de ce monde. Il n’est pas mal élevé, il est trop « élevé ». Il est prophète et ne sait pas se taire. Même s’ils sont d’un autre temps, d’une autre culture, même s’ils ne fréquentent pas Hérode, même si la foule ne les protège pas, les baptisés d’aujourd’hui – prophètes de la foi comme le Baptiste de jadis – ne disent sans doute pas assez haut et clair ce que l’Esprit leur murmure à l’oreille. Etre à contre-courant tout en étant bon et pacifique est devenu très difficile. Douce et délicate, la Parole n’est pas muette !
1er août 2015
La vérité étreignait le Baptiste. Il n’avait pas peur de dire juste et vrai. Il osait déplaire. Non seulement il ne mentait pas, mais il avait l’audace de parler clair aux puissants. La vérité lui faisait prendre des risques. C’était son charisme et la foule qui s’y connaît en la matière le vénérait comme un prophète. Choisir une vie de type prophétique pour répondre au don de Dieu ne favorise pas le carriérisme.
30 juillet 2016
Qu’est-ce qui règne dans le cœur des puissants ? La renommée diffusée par des courtisans ? Les rancœurs d’une épouse ? La grâce d’une danseuse ? Les points d’honneurs… et, sans doute bien d’autres sentiments obscurs qui aveuglent et le discernement et la décision et l’action. Matthieu raconte ce tragique fait divers pour éclairer nos consciences et nous interroger sur nos motifs peu glorieux ! Il est évident que nous ne sommes pas tous des despotes comme Hérode, mais il est bon et courageux que chacun de nous se demande si ses motifs intérieurs n’ont pas contribué à tuer l’élan des prophètes.
5 août 2017
Pauvre fille ! Ta maman, Hérodiade, t’a bien mal élevée. Au lieu de t’apprendre à penser par toi-même et à être libre dans ton propre jugement, elle t’a transmis sa haine et t’a transformée en esclave vengeur. Heureusement, presque tous les parents échappent à cette caricature. Mais faisons attention ! Il existe parfois dans les familles des inimitiés qui se transmettent. Elles brouillent les relations. Elles nuisent à la liberté des descendants qui les épousent sans bien savoir par eux-mêmes de quoi il s’agit. Ainsi s’installe la discorde dramatique qui ravage le discernement. Elever des enfants consiste à les nourrir, à les instruire, à les choyer, mais surtout à faire en sorte qu’ils apprennent à penser par eux-mêmes et deviennent libres.
4 août 2018
« Hérode eut peur de la foule qui tenait Jean Baptiste pour un prophète ». A juste titre Hérode a une bien mauvaise réputation, mais il a au moins une qualité, pauvre et réelle : il a peur de la foule. Ce n’est pas si commun qu’un homme au pouvoir tienne compte des sentiments du peuple. Il est bon de le signaler. Jean Baptiste, lui, est aimé parce qu’il parle vrai et sans détour. Il ouvre l’avenir et donne consistance au peuple parce que, prophète, il vit ce qu’il dit. Il adresse à lui-même ce qu’il prêche aux autres. La parole qui sonne juste fédère le peuple. De nos jours, qui soutient le peuple et lui permet d’exister comme une force face au pouvoir pour équilibrer la démocratie ? Les syndicats ? Les partis ? Les associations ? Je redoute que les chrétiens confessants soient absents des « corps intermédiaires » laïques qui ont pour mission de structurer le peuple pour qu’il puisse s’exprimer et être entendu.
3 août 2019
Hérode ne croit pas en Jésus. Et dans sa conscience inquiète que le pouvoir ne comble pas, il s’interroge et se dit : « Ce Jésus, ne serait-ce pas Jean-le-Baptiste ressuscité ? ». En lui, tout se mêle et, sans doute, un certain remord le mordille. Il se rappelle qu’en prison, il a fait tuer Jean. Il n’est pas fier de ses sentiments d’alors, entortillé qu’il était par la séduction d’une danseuse et par l’orgueil du pouvoir. Au lieu de se repentir, il s’enfonce dans l’inquiétude. Pauvre Hérode !
1er août 2020
Parfois, il y a des haines qui serpentent dans les cœurs. Elles sont à l’affût d’une possibilité de mettre en œuvre une vengeance implacable : c’était le cas d’Hérodiade, la femme d’Hérode. Elle était sa belle-sœur avant d’être son épouse. Elle détestait Jean le Baptiste. Elle profita de la faiblesse de son mari, le roi, pour obtenir la décapitation de son ennemi intime. Cet événement, dans le fond assez banal dans les allées du pouvoir suprême, nous interroge sur la médiocrité de nos jugements enfouis qui empoisonnent notre vie et la rendent perverse. Si, grâce à l’Esprit de Vérité, nous les démasquons, il faut vite se convertir, en demander pardon, avant qu’ils n’enflent et n’entraînent des actes abominables. Nous devons veiller à la droiture de nos cœurs.
31 juillet 2021
« Les serments stupides ». Pourquoi avoir choisi ces versets de l’Évangile de Matthieu pour célébrer Ignace de Loyola ? Je n’arrive pas à comprendre ! Tout différencie Ignace d’Hérode. Tandis que le roi Hérode perd le contrôle de sa parole à cause de quelques pas de danse, Ignace reste ferme dans l’intelligence de sa foi. Sa maîtrise, sa réflexion, tout en étant souples, gardent le cap. Il n’erre pas dans la fantaisie absurde. Sa foi vigoureuse et rigoureuse emprunte à la grandeur militaire et à la blessure de Pampelune.
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Matthieu 14, 13-21