Neau-Dufour Frédérique

Ernest Psichari. L´ordre et l´errance, Le Cerf, 2001, 369 p.

Frédérique Neau Dufour a fait une thèse sur Ernest Psichari (1883 – 22 août 1912). Elle en a tiré une biographie qui renouvelle la manière de regarder le petit-fils de Renan. Ce n’est pas le premier ouvrage que je lis sur Ernest Psichari. Je ne me souvenais pas de l’errance de l’enfant, du jeune homme et de l’adulte officier d’artillerie.

Ce rejeton prestigieux a été en fait un ballon captif qui a rompu les amarres. Les vents l’ont porté ici ou là, à leur gré. Affectivement faible, poète, romancier, responsable de Goum.  Le désert l’apaisait, la vie cadrée l’étouffait. Politiquement transfuge, après avoir combattu dans la mouvance paternelle pour Dreyfus, il s’est jeté ensuite dans les bras de Barrès. Il a aussi navigué un temps avec Péguy et Maritain. Il partageait les idées coloniales qui régnaient vers 1900 et se faisait de l’armée une sublime conception. Pratiquement athée, par la mystique, il se rapprocha du catholicisme au point qu’il envisageait d’entrer chez les Dominicains. Sa foi s’enfanta peut-être dans le désert. La grâce et le hasard et surtout ses amitiés firent le reste. Le Père Clérissac op le guida et sut orienter la fougue de cet homme débordant d’affectivité.

Tué au début de la guerre de 1914, il bravait la mort car, pour lui, mourir pour la patrie était une manière d’être victime d’amour dans la foi. La révolution nationale de Pétain l’annexa et en fit un modèle d’énergie et de nationalisme.

Etrange, ce livre de 369 pages m’a intéressé et permis de m’approcher de l’incompréhensible chemin d’une forte personnalité totalement démunie.

Notices bibliographiques

2 janvier 2004