Sécularisation, séparation et guerre scolaire. Les catholiques français et l’école (1901-1914), Le Cerf, 2003, 652 p.
Ce livre étudie treize années qui ont vu en France la naissance de l’école libre non congréganiste.
Pendant que se met en place la « sécularisation », beaucoup de religieux et religieuses restent attachés à leur congrégation, mais vivent dans un célibat « séculier », pieux et obéissant. L’arrivée des instituteurs et institutrices laïques changent la donne. De plus en plus, les enseignants se marient.
Le rôle des curés, des notables, des évêques, des associations, des mutuelles, des unions, des directions diocésaines, des amicales, des syndicats, des comités, de la Société Générale d’éducation et d’enseignement : tout se mêle et s’emmêle, tout se concilie et tout s’affronte. Bravo, frère Lanfrey, d’avoir essayé de mettre de l’ordre dans cet imbroglio.
Car il s’agit d’un travail extraordinaire, d’un accouchement : sauver l’école libre, lui permettre de vivre, installer un outil missionnaire de christianisation de la culture élémentaire.
Un effort financier considérable et réfléchi s’est mis en place et s’est développé dans la première moitié du XXème siècle. Il a fallu tout au long du XXème siècle bâtir, réparer, entretenir, payer les salaires, prévoir les retraites, donner des bourses aux parents qui ne pouvaient prélever sur leur propre budget l’argent nécessaire. Dans chaque paroisse, « vente de charité » et kermesse ont fait vivre les écoles primaires libres. Cet effort a mobilisé les « curés » et leurs paroissiens jusque vers les années 1970.
Malgré la technicité de ce livre, je l’ai beaucoup aimé car il décrit merveilleusement l’histoire des chrétiens, spécialement des catholiques, qui avaient misé sur la fécondité de l’école libre.
30 novembre 2004
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