1. Autrement : Eucharistie à Gandolière

Je vais encore à la Messe presque tous les jours. Il faut que j’explique pourquoi.

Jadis

Quand j’habitais rue Laënnec (Promenade Bullukian), je célébrais souvent tout seul et souvent aussi avec un groupe de « confessants » ou avec une communauté petite ou grande. Maintenant, c’est un temps révolu.

Depuis 2014, je suis pensionnaire dans un EHPAD des Petites Sœurs des Pauvres, rue Gandolière à Lyon, 3ème arrondissement.

Avant le COVID et avant ma fracture du bassin (je suis resté cinq mois à l’hôpital !), je célébrais presque tous les jours à la chapelle, le matin. Quelques personnes du quartier y participaient ainsi que les sœurs étudiantes. Je commençais par la lecture du Brevissimo quotidien, puis je célébrais la messe en actualisant un tant soit peu la liturgie.

La prière me semblait intense. Elle ne s’égarait pas dans des commentaires.

Maintenant, ce n’est pas jadis. C’est autrement.

Je ne peux pas rester debout. Je suis mal entendant et redoute la multitude des propos sans doute avisés mais décalés. Le sommeil me gagne. Veiller attentivement m’est devenu difficile. Ma présence s’évapore.

Je me raccroche à un mot. Mais quand il sombre, je sombre avec !

La quantité d’idées générales lue sur des papiers se transforme en brouillard épais.

Lassé, je cherche des mots que je ne trouve pas alors je navigue dans mes rêves.

Alors, pourquoi aller chaque jour à la messe ?

Parce que Dieu est Dieu.

Je sais que je lui dois tout.

Je désire le reconnaître.

Je crois qu’il aime les humains : le Don de Jésus en est l’exemple. Par Lui, il les fréquente.

Jésus dit en langage humain l’Amour incréé qui nous aime par-dessus tout et nous faisant confiance en tout, Il fait surgir sur terre Paix et Liberté ainsi qu’une soif de Justice et de Charité. Il fait « traverser » la mort.

Tout cela, je le confesse mais cela ne provoque plus en moi aucune émotion ni aucun élan. C’est un secret enfoui, une source intarissable, mais à petit débit.

J’aime pourtant les psaumes 41 et 129 ainsi que le dialogue de Jésus et de la Samaritaine, les histoires du Bon Samaritain, de Zachée et de Bartimée.

Je rejoins un petit peuple cacochyme comme moi, perdu dans des génuflexions laborieuses et des chants étranglés.

Aujourd’hui, c’est lui mon peuple. Et quoi qu’il me soit souvent insupportable (sans doute parce qu’il me ressemble), c’est avec lui que je fais communauté rassemblée.

A petit débit, avec lui, je rends grâce et cherche l’amour fraternel.

Alors, je vais à la Messe à la chapelle. C’est un minimum…

Donner sens autrement

7 juin 2021